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Critique de Frutoso


Encore un roman sur un féminicide me direz vous ! Oui mais celui-là est très différent des autres.
Très vite nous savons qu'Etienne a tué sa femme Vive. Ce sont les trois jours qui précèdent le drame qui nous sont racontés.
Trois jours où Étienne va basculer dans la folie meurtrière.
Etienne est un homme psychorigide, mais alors très, très psychorigide !
Il vit avec Vive depuis dix ans.
Au début "elle riait de tout chez lui, elle trouvait tout drôle et original. Ses agacements, son attention minutieuse aux détails,son incapacité à lâcher prise, ses extrapolations permanentes, sa difficulté à vivre son époque, mais aussi sa délicatesse, elle l'avait rendu beau."
Très vite ils avaient emménagé dans l'appartement hérité de la mère d'Étienne.
Etienne est correcteur dans la maison d'édition "l'Instant fou"(!). Il a fait des études littéraires pas vraiment abouties. . Elle était photographe et travaillait dans une association d'artistes. Si lui est très "coincé" elle était plutôt fêtarde. Elle aimait les expos, les rencontres avec les artistes,elle aimait rire et boire à l'occasion...
Etienne répétait intérieurement " Ça va bien avec Vive, nous sommes un couple solide". Il y a trois ans Vive est partie, il avait accepté une thérapie de couple, avait encaissé les mots qui lui "brûlaient l'estomac". " Il n'était pas encourageant. Il n'était pas surprenant. Il n'était pas marrant. Il était radin, grincheux, fragile, froid. Psychorigide !"
Etienne corrigeait ses livres avec une maniaquerie maladive.
Etienne avait été l'enfant unique d'une mère célibataire, fière de lui elle disait "Il a lu très tôt. Ce gamin, il lirait même le cul dans l'eau". Il s'était enfoncé dans la littérature au point d'être obsédé par la moindre faute de syntaxe, d'orthographe, au point de juger les auteurs qu'il corrigeait jusqu'à parfois ré-écrire des phrases complètes.
Depuis dix ans il achetait un abonnement à des concerts de musique classique. le mardi était le jour sacré de la musique.
Mais un jour Vive lui dit "Etienne , je ne pourrai pas venir ce soir" il s'énerve " Tu es désolée ?! C'est Mahler ce soir! C'est tout ce que tu trouves à dire!". Comment ose-t-elle changer de programme au dernier moment ? C'est insupportable, irrespectueux...et à partir de là, à partir de ce petit écart de Vive, aussi fin que " l'épaisseur d'un cheveu" , la descente au enfer va commencer.
Alors oui c'est la triste histoire d'un féminicide, mais c'est surtout l'analyse minutieuse du chemin que suit un esprit "dérangé" qui va conduire inexorablement à l'irréparable.
Un lecture terrifiante, dans un style fluide , incisif, efficace.
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