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Critique de columbus


On ne s'attend pas à lire, réactualisée dans le décor de notre cher quartier des Vallées, charmant et privilégié, l'ironie du conte romantique qui se plaît à mêler un matériau narratif de diverse provenance pour montrer qu'en fin de compte cette multiplicité se ramène à unité aussi impalpable que les créations oubliées des parfumeurs de Colombes, la senteur des bougies parfumées, les émotions fugaces, toutes choses qui relèvent d'une immortalité paradoxale qui est celle de l'âme. le lecteur est prévenu d'emblée par la citation de Victor Hugo et, peut-être allusion à un titre littéraire oublié, le thème clôt l'ouvrage. Entre les deux extrémités un casting de personnages typés et contrastés, le maghrébin hyper-assimilé, l'apprentie parfumeuse, l'enfant juif qui a échappé à la déportation, le résistant de jadis et le restaurateur d'aujourd'hui tissent une intrigue sous le regard amusé d'une vieille dame indigne, au sens de Brecht, qui ne respecte pas les codes de la propriété bourgeoise et joue le deux ex machina, au profit d'un happy end en forme d'accord parfait. Bien des choses se passent et se bousculent presque dans l'enchaînement de circonstances tantôt futiles tantôt émouvantes qui font passer le lecteur d'une émotion à une autre, car la règle est ici la métamorphose. Celle aussi d'un monde ancien, où les attachements avaient la primauté, qui se mêle aux réalités d'un monde moderne, présent ici comme des collages dans un tableau abstrait. Ce mélange des genres, toujours sans insister, est sensible lorsque les personnages s'adonnent en quelques lignes à leur monologue intérieur, qui reflète en même temps le jugement extérieur que leur auteur porte sur eux. A force, le lecteur est déstabilisé sans s'en apercevoir. Et c'est peut-être l'un des objectifs du roman que de pousser le lecteur à rompre avec ses habitudes de lecture et de pensée, pour accéder à une réalité plus intime. S'il entre totalement dans l'histoire qui lui est racontée, il ne se trouve pas seulement dans le registre du merveilleux, mais de coïncidences invraisemblables qui touchent au miracle. S'il reste en dehors, il s'interroge sur les codes rédactionnels, les échanges de propos, le plus souvent elliptiques, qui imitent le style des séries télévisées, de choses dites négligemment en apparence et qui sont fondamentales. Il n'est pas seulement dans le registre anonyme de ce qu'on appelait jadis le mensonge de l'art, lui-même relativisé par des données personnelles, il est baladé par l'invraisemblable à travers les diverses couches de sa personnalité, tantôt bon public qui gobe ce que l'auteur lui raconte, tantôt soupçonneux qui flaire une ruse, évidemment une ruse de sioux, pour l'amener à croire l'incroyable. Shéhérazade, dont le patronage est évoqué de biais, ironiquement, ne demandait pas à être crue sur parole. Et le Livre central, parce que les religions en présence par le truchement de leurs représentants s'y rattachent, est le chef d'oeuvre de Victor Hugo avec ses deux chandeliers qui symbolisent le détachement des biens de ce monde et l'altruisme. Sans doute le message du divertissement fantasque et farfelu est-il là. La métamorphose des apparences y apparaît sous la forme d'une conversion à l'essentiel. Les mots - entre autre « paradis » - sont là parfois pour briser la métaphore moderne et faire apparaître l'auteur dans son analogie avec le maître de maison qui tire de son trésor du neuf et du vieux, les circonstances inquiétantes mais aussi les sens à l'affût des divers parfums de jadis et les idées qu'on a déjà rencontrées quelque part. Sous les dehors du conte farfelu c'est une parabole qui se raconte.
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