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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Tous les hommes sont obligés de se conformer à des lois, tout simplement parce que l'homme est un animal social et qu'une société a besoin de règles pour fonctionner. Il existe des lois sociales qui sont issues de l'instinct, le même instinct qui permet aux abeilles de construire et d'entretenir une ruche ou qui dicte aux fourmis leur devoir dans la fourmilière. Mais l'homme n'est pas seulement un animal instinctif, il est aussi intelligent et capable d'inventer des lois qui seront bénéfiques à la survie de la société.
Les lois issues de l'instinct sont, à l'origine, faites pour la survie de petits groupes, de la famille, du clan. Et un clan peut avoir à se battre contre d'autres clans pour survivre. Ces lois ne concernent donc pas toute l'humanité mais seulement une communauté limitée, une patrie par exemple. Tandis que les lois issues de la raison peuvent être destinées à la conservation de l'ensemble de l'humanité. Bergson prétend qu'il n'y a pas de progression possible entre ces lois instinctives et ces lois raisonnées. Elles sont de natures différentes. « Entre la première morale et la seconde il y a donc toute la distance du repos au mouvement », écrit-il. L'une s'adresse à une société close, l'autre à une société ouverte. Cette morale ouverte trouve sa plus parfaite expression dans la déclaration des Droits de l'Homme. Et Bergson constate que c'est à la civilisation chrétienne qu'il a été donné de créer les Droits de l'Homme.
Bergson s'interroge : Comment les religions et toutes leurs superstitions ont-elles pu naître dans l'esprit de l'homme ? Il affirme que c'est une réaction instinctive, « une précaution de la nature contre certains dangers que court l'être intelligent. » En effet, l'être intelligent, en observant la nature, comprend que tout ce qui vit est destiné à mourir et que c'est également son destin à lui. Cette pensée est profondément déprimante et finalement dangereuse pour la survie de l'espèce qui a besoin d'une confiance totale de l'individu. Donc, la nature a conçu quelque chose dans la raison humaine que Bergson nomme la fonction fabulatrice. C'est de cette fonction qu'est née la croyance en la vie après la mort, la magie, le culte des esprits, etc. Tout ça pour rassurer l'homme, pour qu'il se sente en sécurité et qu'ainsi l'espèce humaine, la société, ne soit plus menacé.
Mais à côté de cette « religion statique », superstitieuse, une « religion dynamique » s'est aussi développée. Cette dernière est basée sur le mysticisme de quelques individus exceptionnels. le mysticisme est une réaction de l'intelligence contre elle-même, pour sortir du cercle vicieux dans lequel elle risquerait d'entrainer l'homme. Mais ce n'est plus un arrêt de l'intelligence, c'est un dépassement, une « supra-intelligence ». Et, là encore, selon Bergson, ce sont des chrétiens qui ont atteint le plus haut niveau de mysticité : Celui d'un amour total de la vie, d'un amour de l'humanité entière et d'un amour agissant.
La dernière partie du livre a pour sujet l'humanité au vingtième siècle. Comment agir au sein des démocraties, de ses organisations sociales dynamiques, pour limiter l'instinct guerrier des hommes ? Et c'est l'industrie qui est au coeur du problème. L'industrie a servi jusqu'ici à augmenter coûte que coûte le bien-être des hommes. En caricaturant : pour plus de bien-être, il faut davantage d'industrie, davantage d'énergie, et pour obtenir cette énergie, quand on n'en a plus assez, il faut la voler aux autres. Tout partait encore du besoin de se sentir en sécurité, le bien-être, mais ce besoin s'est transformé en une recherche effrénée de plaisirs superflus. Bergson pensait que cette recherche, cet affolement, allait (ou va) s'arrêter de lui-même, que, comme un mouvement de balancier, après la recherche à tout prix du bien-être et du plaisir de l'ère moderne, les hommes se retourneraient vers quelque chose qui serait plus proche de l'ascétisme du Moyen-Age. Mais, pour Bergson, il ne s'agit pas tant de décroissance, de faire baisser l'industrialisation, que de s'appuyer sur elle pour augmenter l'énergie morale à la hauteur du déploiement qu'a déjà connu l'énergie physique.
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