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Critique de capillo


Christian Bernadac, spécialiste de la question de la déportation, livre une oeuvre somme sur un camp d'extermination par le travail souvent cité mais finalement assez peu connu.

Mauthausen, c'est un escalier brut de 186 marches, qu'il fallait pour les internés du camp monter et descendre avec des pierres pesant jusqu'à 50kg, sous les coups de l'Organisation nazie (SS, kapos, criminels de droit commun,...) et dans un état physique, et moral, évidemment déplorable. Les nazis en ont fait un lieu de travail rémunérateur (une dernière annexe montre le chiffre d'affaires de cette carrière), mais surtout un cimetière à ciel ouvert propice à toutes sortes de jeux morbides, de tortures et de massacres défiant l'imagination.

Mais Mauthausen, c'est aussi un exemple de camp où une véritable organisation s'est mise en place. Les déportés étant pour beaucoup des résistants et soldats de toutes nationalités en premier desquelles l'Espagne, cette organisation à certainement évité un nombre de morts considérables, et comme le précise le dernier chapitre, une exécution massive et définitive : la liquidation du (et des camps qui dépendaient de Mauthausen) camp et de ses prisonniers.

Avec intelligence, et parce que ce n'est pas le propos, Bernadac évite de comparer le comportement des internés de Mauthausen avec celui des autres camps d'extermination. Auschwitz, pour prendre un exemple "célèbre", abritait une population civile qui, d'une part, ne possédait pas l'expérience des Espagnols et des Français de Mauthausen, d'autre part, a réussi d'une certaine manière à organiser leur vie dans le camp.

Le document de Bernadac reste très... documentaire : son travail consiste en grande partie à organiser les témoignages, nombreux, des survivants. Les infos se recoupent, se complètent, se nourrissent. le but est clairement l'objectivité, et contraindre toute forme de négationnisme, déjà présent à l'époque (dès la fin de la guerre d'ailleurs), au silence.

En ressort un texte parfois technique, difficile, mais précieux, indispensable, à travers lequel on ne finit pas de ne pas comprendre comment l'humanité a pu ainsi verser dans l'innommable.
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