AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Piatka


« Cette fois, il la gifla. »
Avec cet incipit percutant, Michel Bernard entre de plain-pied dans l'action de son nouveau roman. Certes, l'héroïne est une icône de l'histoire de France, mais à dix-sept ans, l'anonyme paysanne de Domremy est avant tout une donzelle illetrée, sans crédibilité, voire une illuminée, qui agace Robert de Baudricourt par ses demandes extravagantes et répétées pour rencontrer le roi et sauver la France. Rien que cela.

Alors, si la gifle n'est pas historiquement avérée, elle est néammoins plausible : c'est la liberté de l'écrivain que de donner vie à une jeune fille légendaire par-delà six siècles d'histoire, nous la rendre plus proche, presque moderne. Et ça fonctionne magnifiquement bien grâce au talent de l'auteur que j'avais découvert avec son très réussi Deux remords de Claude Monet.

Concision et force d'évocation du propos, écriture d'une délicatesse remarquablement poétique, voilà selon moi sa marque de fabrique, cocktail rare que j'apprécie infiniment. En se focalisant sur l'essentiel historique, les archives de son procès, tout en utilisant avec naturel le liant romanesque, Jeanne d'Arc par Michel Bernard, c'est la formidable aventure d'une guerrière hors du commun qui se lit quasiment d'une seule traite. Un très beau portrait de femme qui, par sa conviction, son courage mais aussi sa générosité et sans doute ce que l'on pourrait appeler sa grâce, car elle garde toujours une part de mystère, a réussi à une époque dure et trouble à sauver le royaume de France.

Bien sûr, on connait sa fin tragique sur le bûcher, l'issue du roman n'est donc pas une surprise, mais je suis ravie d'avoir appris encore beaucoup à propos de Jeanne et je serai curieuse de savoir si les spécialistes, historiens de métier, adhèrent à ce portrait vivant et sensible qui la sort un peu de sa gangue de légende nationale intouchable pour en faire une héroïne fascinante…de roman.



« Il n'y avait aucun doute, c'était bien elle. Il s'émerveillait de l'aplomb de cette fille, et de l'autorité qui en émanait, puisque lui-même en était maître maintenant. Il était frappé de son éloquence, cette vigueur et clarté du verbe dans sa bouche. Pour ses oreilles d'homme de l'Est, le parler lorrain ne gâtait point la limpidité de l'expression. Il avait immédiatement perçu cette manière spontanée de donner à chaque mot, avec précision et économie, son juste poids, sa complète portée. Elle parlait net et droit, sans geste, sans mimique, jambes bien campées, bras croisés. »
Commenter  J’apprécie          688



Ont apprécié cette critique (61)voir plus




{* *}