D'ailleur, il est impossible pour l'homme d'accomplir quoi que ce soit s'il ne part pas de ce qu'il est.
Pour aller loin, il faut d'abord faire le premier pas, partir du plus près. C'était d'ailleurs tous le sens de l'entreprise nietzchéenne : réconcilier, à l'encontre de l'idéalisme chrétien, l'homme avec lui-même, avec le corps et avec la terre. Il ne s'agit pas d'une philosophie de l'autosatisfaction puisque, en partant de lui-même, l'homme avancera et créera. Si l'homme crée «par-delà lui-même», il le fait toutefois en s'appuyant sur lui-même tel qu'il est, avec ses faiblesses, ses soi-disant défauts, par exemple son égoïsme es son agressivité, enfin avec l'intelligence de son corps entier reliée à celle de la terre. Si l'on ne part pas de ce que l'ont est, on ne va nulle part, on ne parvient même pas à partir.
L'homme est un être de terre et de chair, et on ne tient pas suffisament compte de ce qu'il est. On le prend pour un esprit, on a de lui une vision abstraite, et on l'oblige à se conformer à une telle vision.
Nous aimer en dépit de toutes les raisons de nous detester. Nous sommes pas parfaits, un être parfait n'est qu'un fantasme, la réalité est autrement plus subtile, mouvente, vivante. S'aimer soi-même, sans vanité, sans forfanterie, ou plutôt aimer l'être vivant, aimer la vie, s'aimer comme un don ou une grâce, comme le numéro chanceux sorti de la loterie de la chimie et de la bilologie.
En nous comparant, nous sommes à côté de nous-mêmes.