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Critique de Nympha86


Pour commencer, petit point de contexte : Les pouvoirs de l'enchantement, d'Anne Besson, est un essai avant tout à visée universitaire à destination de chercheurs et étudiants. Il ne s'agit pas de vulgarisation à l'usage du grand public, et, à ce titre, c'est un livre exigeant. Avec ma formation scientifique, je ne possède pas les codes du « genre ». J'ai de facto été parfois perturbée par la prose d'Anne Besson, complexe par son vocabulaire, mais surtout par ses constructions de phrases très longues et peu linéaires : avec des phrases de plus de cinq lignes, j'avais parfois l'impression d'idées juxtaposées sans transition et lien logique au sein d'une même phrase. J'imagine que ça vient de moi à qui il manquait les liens logiques implicites que je ne maîtrise pas, mais du coup, le propos m'est apparu confus et manquant de transitions pour mon petit cerveau de lectrice qui n'a pas tous les codes et n'est pas rompue à la lecture d'ouvrages universitaires.

Il n'en reste pas moins que les idées développées dans ce livre sont hyper riches et passionnantes. Si l'on s'intéresse aux genres de l'imaginaire et à leur réception et politisation, c'est un incontournable.

Le livre est construit en deux temps : d'une part le pouvoir, l'impact, de la fiction, et bien sûr en particulier des genres de l'imaginaire, sur son lecteur. Grâce à l'expérience de pensée qui permet de se mettre à la place d'un autre, dans une situation complètement autre, l'imaginaire prend toute sa pertinence. L'autrice analyse également la dimension politique que le genre permet de développer, en revenant sur l'histoire de la SF et de la fantasy, et en rappelant notamment à quel point l'imaginaire s'inscrit dans une vision instantanée (au risque de mal vieillir d'ailleurs).
La seconde partie développe ensuite le pouvoir que donne la fiction à son lecteur quand il se l'approprie : un pouvoir sur le monde (« Imagine better » : au travers notamment d'exemples d'activisme qui prend sa source dans un amour commun de Harry Potter, Anne Besson nous montre comment les lecteurs s'emparent de la fiction dans le réel à des fins politiques) et un pouvoir sur le texte lui-même (on pense alors aux fan-fictions, aux débats de fans pour définir le canon, ou encore aux mouvements face aux fins contestées d'oeuvres).

J'ai été particulièrement sensible à la seconde partie : forcément, vu mon expérience de ce qu'est la communauté de fans (je suis administratrice sur le site de la Garde de Nuit, consacré à la saga du trône de Fer, donc la communauté, je suis en plein dedans^^), j'étais passionnée par ce qu'en disait Anne Besson, et elle a mis des mots sur certains points hyper pertinents qui ont résonné en moi. La première partie m'a parue plus absconse (déjà parce que je ne vois qu'assez peu l'intérêt de développer ce qui fait des littératures de l'imaginaire quelque chose de pertinent… perte de temps de cerveau ou expérience qui me rend meilleure en temps que lectrice, j'ai déjà fait mon choix depuis des années : lire m'apporte du bien-être, qu'un littéraire érudit considère ce que je lis comme pertinent ou non…). Mais son développement restait néanmoins très enrichissant, et notamment toute la partie sur le discours politique des fictions m'a passionnée.

Au final, donc, un livre exigeant, mais d'une grande richesse d'idées.

Je remercie Babelio et les éditions Vendémiaire pour l'envoi de ce livre.
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