J'avais découvert Anne Besson lors du MOOC (Massive Open On-line Course) de l'Université d'Artois sur
La Fantasy de l'ère victorienne à Game of Thrones, il y a quelques années et je dois dire que ses cours étaient vraiment passionnants. Puis, j'ai suivi ses interventions aux Imaginales 2018 et à cette occasion, je m'étais procurée son essai Fantasy et Histoire(s) qu'elle avait dirigée. Aussi, lorsque j'ai vu qu'elle sortait un essai sur les usages politiques des Littératures de l'Imaginaire (en particulier,
la Fantasy et la
Science Fiction), je me suis empressée de le sélectionner lors de la dernière Masse Critique. Et à ce titre, je remercie Babélio ainsi que les éditions Vendémiaire de me l'avoir envoyée.
Une lecture exigeante…
Je me rappelle que les actes du Colloque Fantasy et Histoire(s) n'avait pas toujours été facile à appréhender et j'ai eu le même souci dans ma lecture de cet essai. En effet, elle n'a pas été très fluide pour plusieurs raisons :
- le style d'écriture : la plupart des phrases sont trop longues et entrecoupées de parenthèse ce qui nuit au rythme de la lecture. J'avais le sentiment de me retrouver en « apnée » à la fin de certaines phrases.
- Un vocabulaire très spécialisé : Anne Besson emploie de très nombreux termes très spécifiques et sincèrement, il m'a fallu relire parfois trois ou quatre fois plusieurs phrases pour pouvoir enfin appréhender le propos.
- Les notes à la fin de l'ouvrage : pour ma part, je préfère que les notes soient placées en bas de la page, il est ainsi plus facile de les lire puis de revenir au texte principal sans trop d'interruption. le fait qu'elles soient placées à la fin de l'ouvrage a perturbé mon rythme de lecture car je mettais plus de temps à retrouver ma ligne, une fois revenue au texte principal. Aussi, j'ai décidé au bout d'une cinquantaine de pages d'abandonner purement et simplement la lecture des notes. Dommage car certaines étaient intéressantes.
… mais un propos captivant sur le rôle de
la Fantasy et de la
Science Fiction dans nos sociétés contemporaines.
Si l'on fait abstraction des difficultés de lecture, l'essai d'Anne Besson était en soi passionnant. Pour ma part, je m'intéressais déjà à ces problématiques (si vous voulez aller plus loin, je vous conseille aussi la lecture d'articles du CNRS – Centre National de la Recherche Scientifique). Et
Les pouvoirs de l'enchantement m'a permis de pousser plus loin les réflexions autour du rôle des Littératures de l'Imaginaire dans notre société. L'ouvrage est ainsi divisé en deux parties :
Anne Besson s'intéresse tout d'abord aux oeuvres de fiction et à leur portée politique.
– Elle déconstruit tout d'abord le préjugé selon lequel la
Science Fiction serait davantage portée vers l'avenir donc progressiste et de « gauche » tandis que
la Fantasy serait au contraire tourné vers le passé, réactionnaire et de « droite ». Elle oppose à ces préjugés plusieurs arguments notamment le fait que certains ouvrages de Fantasy au contraire sont bien ancrés dans le réel. Ils traitent de problématiques actuelles comme l'écologie, le sexisme, le racisme, l'homophobie ou la transphobie. Et elle prend ainsi plusieurs exemples comme Game of Thrones de GRR Martin dans lequel les marcheurs blancs seraient l'allégorie du changement climatique ou
Danse avec les lutins de
Catherine Dufour qui traite de la cohabitation des peuples.
– L'autrice constate également une explosion depuis le début des années 2000 d'oeuvres engagées mais sombres comme les dystopies et des cli-fi (climate fiction) qui a pour cible un public adolescent et jeune adulte. Ces dernières permettent ainsi de mettre en garde contre des dérives possibles de notre société (tyrannie, ségrégation, problèmes environnementaux, etc…). On peut ainsi citer Hunger Games de
Suzanne Collins ou l'adaptation récente en série télévisée du roman de
Margaret Atwood,
La servante écarlate.
Dans une seconde partie, Anne Besson s'attache davantage au comportement des fans de ces oeuvres appartenant à l'Imaginaire. Grâce à la visibilité de plus en plus grandissante de la culture populaire et de l'avènement d'internet (d'abord les forum puis maintenant les réseaux sociaux), les communautés de fans autour d'une oeuvre (Fandom) peuvent se regrouper et échanger plus facilement. Et elle constate une certaine réappropriation du public de ces oeuvres dans des buts contestataire et politique.
– Des personnages de fiction sont ainsi récupérés par les fans qui les inscrivent dans le réel : la figure de
la servante écarlate (présente sur la couverture de l'ouvrage) pour manifester contre Trump en 2017 ou celle du Joker lors de manifestations au Liban, en Espagne ou au Chili en 2019.
– Des fans n'hésitent pas non plus à intervenir dans le processus de création d'une oeuvre. Par exemple, une pétition avait circulé pour que la fin de l'adaptation en série de Game of Thrones soit réécrite.
En conclusion, l'essai
Les Pouvoirs de l'enchantement n'a été une lecture ni facile, ni fluide en raison d'un problème de forme (phrases trop longues, présence d'un vocabulaire très spécifique, notes présentes en fin d'ouvrage, etc…). J'espère d'ailleurs avoir bien saisi les propos de l'autrice et n'avoir pas fait de contresens. Toutefois, Anne Besson offre à son lecteur deux axes de réflexions sur l'Imaginaire très intéressants notamment en remettant en question certains clichés sur la
Science Fiction et
la Fantasy et en mettant l'accent sur leur pouvoir politique. de plus, elle s'est rendue compte également que le comportement des fans autour des oeuvres a fortement évolué depuis le début des années 2000 et ces derniers n'hésitent pas à se les réapproprier dans un but politique et contestataire.
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