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Critique de Eskalion


C'est toujours un vrai plaisir, quand on découvre un auteur , de le voir confirmer sur son second roman, tout le bien que l'on a pu penser de lui au premier. Cette marche invisible est souvent celle sur laquelle bon nombre de jeunes auteurs malheureusement, viennent à trébucher.

Oui Catherine Bessonart confirme, et elle le fait de fort belle manière ! Après la lecture de deux romans successifs où je n'ai pas eu la satisfaction attendue, j'ai tout particulièrement apprécié « La palette de l'ange » que j'ai pour le coup, savouré page après page.

La plume, les mots de Catherine Bessonart, la fluidité de son histoire, son attention toute particulière à dessiner ses personnages, l'exploration qu'elle fait de leurs réflexions intimes et personnelles, donne un ton, une musicalité originale à son dernier roman.paris

Au coeur de celui-ci, un homme. Chrétien Bompart , personnage principal, flic de son état, qui traine sa mélancolie et sa nostalgie en bandoulière. Un personnage des plus attachants, qui déploie une sensibilité qu'il n'est pas fréquent de croiser chez les flics de nos auteurs de polar.

Nous avions fait sa connaissance dans le premier roman de Catherine Bessonart « Et si Notre Dame la nuit » (Prix Polar du meilleur Roman francophone de Cognac) . Celui qui se définissait alors comme un « mécréant , tendance bouddhiste » , venait de divorcer avec Mathilde et tentait, pour compliquer les choses, d'arrêter de fumer.

Déjà, s'esquissait à l'époque ce personnage sensible, désenchanté, nostalgique d'une part de son enfance dont il a tant de mal à assumer ce deuil nécessaire, cet abandon obligé et indispensable de cette partie de la vie que nous laissons derrière nous pour pénétrer et avancer dans le monde adulte.

Nostalgique aussi de sa vie avec Mathilde qui lui a filé entre les doigts comme le sable et dont il n'arrive pas à combler le vide qu'elle a laissé derrière elle. Alors il reste sur le quai de son existence , et fixe au loin l'horizon de ses souvenirs.

Car Chrétien Bompart n'est pas un homme de rupture. C'est l'homme des paradis perdus.

Pour autant, c'est un homme qui reste efficace , tenace et perspicace dans son travail, dans lequel il s'investit corps et âme.

Dans « la palette de l'ange » , nous le retrouvons au moment où se baladant dans la foret d'Orléans, il tombe sur un jeune lycéen qui vient de se pendre. En vain il essayera de sauver le gamin du destin funeste qu'il s'est choisi, avant d'être mystérieusement assommé d'un coup violent à la tête. Un drame qui fera écho à l'affaire qui va accaparer toute l'énergie de Bompart.

Car dans le même temps, une série de meurtres est perpétrée à Paris, avant de rebondir à Genève, en Suisse. Un cadavre est retrouvé dans un sex-shop, un autre dans une église, celui d'un prêtre, quand le corps d'un sans domicile fixe trucidé sera lui aussi découvert un peu plus tard . Ce ne seront pas moins de cinq homicides qui seront rapidement mis à l'actif de l'assassin.

Une bien mystérieuse affaire car les victimes n'ont absolument rien en commun si ce n'est le mode opératoire de leur mise à mort. Chacune d'elle est poignardée par deux couteaux d'une beauté exceptionnelle. Un coup porté au coeur, un autre planté dans la gorge .

A la tête de son équipe, Chrétien Bompart tâtonne, cherche, retourne dans tous les sens les éléments qu'il a pu glaner sur les lieux des crimes.. S'agit-il d'un serial-killer qui tue au hasard, ou bien d'une vaste entreprise de vengeance dont les racines remonteraient loin dans le passé de l'assassin?

Même si le lecteur se passionne pour l'enquête on pourra peut être regretter que celle-ci prenne la forme d'un vaste brainstorming auquel se livre Bompart et ses hommes pour aboutir à sa résolution.

Mais peu importe. Car même si elle est bien sûr importante pour l'histoire, l'enquête de Bompart en deviendrait presque secondaire au regard du tableau d'ensemble que peint Catherine Bessonart avec ses mots. Et en la matière la palette de l'auteur est riche de couleurs, nous offrant un roman quasi onirique.

Je suis tombé sous le charme de ce flic torturé et désabusé. Encore un me direz vous. Sans doute, mais le personnage de Catherine Bessonart désarçonne par sa sensibilité, cette tendresse qu'il porte à ce qu'il ne peut retenir. Son enfance, sa femme.

Dans ce second roman où il apprendra que son ex-femme est atteinte d'un cancer, il se met un peu plus à nu, dévoilant là plus que dans le précédent roman, une émotion bouleversante. Les pages qu'écrit l'auteur sur la relation de Chrétien à Mathilde sont sans doute parmi les plus belles qu'elle ait écrites.

« La palette de l'ange » n'est pas seulement un roman policier , c'est aussi un roman emprunt d'amour et de tendresse, d'un auteur pour ses personnages, d'un policier pour le monde des hommes qui l' entoure et dans lequel pourtant il a du mal à trouver sa place et son équilibre.

Une belle écriture, une atmosphère singulière, font de ce second roman de Catherine Bessonart , une réussite.
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