Le type qui te traiterait d'inculte est celui qui te prendrait de haut parce que tu ignores le peu qu'il sait. Moi je préfère nous regarder, tous, avec nos petites connaissances, et me dire qu'à plusieurs, on sait beaucoup de choses.
-Oh, pardon, Commissaire, je ne vous avais pas reconnu
- Ça m'arrive à moi aussi parfois, quand je croise mon reflet dans une glace. (p.103)
Alors tu vois, les bougnouls, les sales pédés, enfin tous ces trucs, avec moi, c'est pas possible. Et pourquoi pas les youpins, tant qu'on y est ? Alors c'est très simple : soit tu changes ta façon de voir les choses et de les exprimer, soit tu changes de service, pour incompatibilité profonde.
Tu le laves, tu le rases, tu le maquilles… Je veux que sa mère, si elle est toujours vivante, se dise : “Oh mon petit !”, qu’elle le retrouve tel qu’elle l’a aimé. Qu’elle se demande pourquoi toutes ces années les ont séparés et qu’elle nous appelle. Putain, trois morts et pas de lien entre eux, c’est juste pas possible !
Le légiste avait le sens des priorités et diagnostiqua une crise de tétanie.
-examiner les vivants, ça fait un drôle d'effet. J'ai pas l'habitude, moi. Ça bouge, ça palpite, ça frémit, ça frissonne, ça transpire, ça vomit, ça éructe et j'en passe. Bref, c'est dégueulasse.
Ah, autre chose : il avait un oral,comment tu dis, une expression, une façon de dire...
- De parler, de s'exprimer.
- Oui. Plutôt soutenue.
- Par exemple ?
- J'ai remarqué qu'il utilisait le "ne" à la forme négative. Plus personne ne fais ça maintenant. Même pas "casse-toi, pauvre con".
- Oh, mais lui, je ne suis pas sûr que ce soit un bon exemple.
Ah bon, je vois le niveau ! Les roux, ça pue, et les pédés, c'est dégueulasse.... Je sais bien que l'essentiel est de décoller, mais là, pour prendre de la hauteur, ça va être dur.
Vous comptez beaucoup...
Je vais vous faire une confidence, commissaire : ça occupe l'esprit, ça m'aide à lutter contre mes fantômes. Quand je compte, je suis tranquille. Vous devriez essayer... Bonne chance, commissaire.
Le commissaire vit néanmoins tout de suite l'atlas que lui avait offert Mathilde éparpillé dans les deux pièces comme si brusquement la planète avait explosé. Il retrouva la Chine dans la douche, les États Unis dans le réfrigérateur, l'Asie du sud est dans le matelas méticuleusement éventré. Le monde était en miettes. Comment fallait il l'interpréter ?
L'homme finirait ses jours en prison,les hôpitaux psychiatriques ne sont pas les seuls à abriter la maladie mentale, mais homophobie était libre,elle, sommeillant en chacun d'entre nous, collée au racisme, à l'antisémitisme,ses frères.