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Critique de Niele


Le polythéisme n'est pas un mythe mais une réalité, pratiqué depuis les temps anciens et détrôné par le monothéisme, il est pourtant source à de riches enseignements. Dans la modernité de notre société, on l'assimile à un passé emprunt de superstition et d'ignorance. Cette vision réductrice est la conséquence d'un formatage monothéiste flagrant dont il faut faire abstraction afin de remettre au goût du jour les qualités oubliées d'une société ouverte qui associait ses dieux à la vie humaine et communautaire.
L'auteur plante le décor sur la civilisation gréco-romaine antique, sur l'ancienne Rome, sur sa multiculturalité d'un coté (et donc la venue de dieux nouveaux), de l'autre on observe l'Italie actuelle se débattre avec la venue d'un dieu étranger. Maurizio Bettini compare deux situations identiques à environ deux mille ans d'écart, met en parallèle l'intégration des dieux sous le polythéisme et sous le monothéisme.
L'argumentation s'articule autour de la tolérance du polythéisme gréco-romain à intégrer des dieux extérieurs à la pratique religieuse traditionnelle en contradiction avec la vision mosaïque du dieu unique jaloux « Tu n'auras pas d'autres dieux que moi ». Cette souplesse polythéiste se retrouve dans les dénominations données aux dieux (différents selon les lieux), aux soucis de trouver des équivalences dans la fonction des dieux de diverses origines, souplesse inconnue dans le monothéisme puisque qu'il n'y a qu'un dieu avec un nom unique et une fonction unique.
On ne comprend le bien fondé de l'analyse qu'à partir du treizième chapitre où l'auteur expose le fonctionnement d'une cité romaine et l'adoption des dieux étrangers en tant que citoyens à part entière. On entrevoit ainsi une transposition possible de cette organisation dans notre société moderne et donc un contrôle plus grand des religions entrantes.
En tant que polythéiste convaincue (tradition nordique), la réflexion sur ma religion et le polythéisme en général s'est imposée naturellement ainsi qu'un grand questionnement sur leur place dans la société actuelle à côté des monothéismes dominants. Les premiers chapitres résument très bien les premières conclusions de tout polythéiste même si le sujet de l'étude est le polythéisme gréco-romain antique et non moderne (les mêmes préoccupations restent d'actualité) ! Ils semblent donc plus se tourner vers les monothéistes dans un premier abord. le polythéiste vrai admet et vit volontiers cet état d'être qu'est la tolérance envers tous les dieux.
Les chapitres suivants me semblent à la fois plus instructifs mais plus décousus dans la suite logique de l'étude. Les définitions de païens, idolâtre, polythéisme... très utiles aux néophytes apparaissent à ce moment assez avancé de l'argumentation, ce qui est peut être assez déroutants pour les lecteurs qui ne maîtrisent pas le sujet.
Je suis un peu déçue de la restriction de l'étude aux dieux gréco-romains et aurais aimé une vision plus large sur plus de religions polythéistes ce en quoi le titre est trompeur. L'argumentation en aurait été différente car même si le polythéisme est universel, les civilisations qui le pratiquent ont un fonctionnement intrinsèque propre selon le lieu d'implantation. Ce qui était pratiqué chez les romains ne l'était pas forcément dans un autre peuple polythéiste, les lois étant différentes. Est ce donc bon de restreindre l'étude au fonctionnement romain ?
Les religions polythéistes antiques sont bien mortes en tant que telles, elles ont évolué tant bien que mal. le monothéisme s'est tellement insinué dans les pensées qu'il a gangrené la tolérance polythéiste, une tendance tient donc à nier les dieux monothéistes ce qui va à l'encontre du fonctionnement polythéiste.
Pour la plupart d'entre nous, la pensée polythéiste est encore d'actualité, avec des idées novatrices et actuelles freinées par une société profondément imprégnée de catholicisme avec ses valeurs et ses codes hors temps mais admis par la majorité de la population et malmenée par une autre religion monothéiste tout autant hors temps, un mal pour un mal en somme. Dieu se bat contre lui-même, n'est il pas un adversaire à la hauteur de lui-même ?
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