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Critique de JugeFredd


Cinq amis qui se sont plus ou moins perdus de vue depuis leur adolescence se retrouvent autour d'un dîner un peu mystérieux, à l'invitation de l'un d'entre eux ? Emil. Il a quelque chose à leur annoncer qui risque bien de bouleverser leur vie, ou plutôt de faire ressurgir des événement qui avaient déjà fait basculer leur monde. Un monde où le destin de chacun d'entre eux est déjà plus ou moins tracé, selon la couleur de leur peau. Et elle n'est pas du tout la même selon qu'on soit Rouge, Jaune ou Bleu… Quant on appartient à cette couleur, on est relégué dans le quartier de Bonifacio, celui des défavorisés de la grande cité de Bourne. Emil fait figure d'exception : il a beau être un Bleu, il est devenu au fil du temps une vedette du cinéma et a réussi à se faire accepter par les autres communautés, Rouge et Jaune. Un peu au grand dam de ses anciens amis Bleus, qui eux sont restés dans leur monde de parias. Mais Emil,Liv, Roman, Becca et Mina sont liés par un événement qui s'est déroulé 20 ans plus tôt : « la tragédie du bord de mer », qui a coûté la vie à un autre ami à eux, un Bleu du nom de Yari. Et il semblerait bien que de nouveaux éléments viennent apporter une lumière nouvelle sur ce qui s'est réellement passé à cette époque que toutes et tous ne semblent pas vouloir ressurgir, et encore moins se retrouver sur le banc des accusés pour leur seule couleur de peau..

C'est sur fond de polar assez classique – la réouverture d'une enquête à la lumière d'un fait inattendu – que Lucia Biaggi construit une passionnante histoire qui dépasse largement le genre : en plaçant son intrigue dans un futur dystopique, elle questionne le fonctionnement de toute société où la discrimination règne, et où les arrangements entre puissants et dominants sont un mode de vie répandu, et plus ou moins combattu. Alors, sa galerie de personnages est parfaite pour cette histoire : elle va des flics obtus ou corrompus, aux militants des causes (presque) perdues, en passant par des politiques aux idées faciles d'accès ou au cynisme assumé, des jeunes déboussolés et révoltés face à une société injuste où le mélange des couleurs est mal vu, et des femmes et des hommes un peu perdus au milieu de tout cela. Même la police semble y perdre son latin dans ce monde : « je pensais que vous au moins, vous étiez une personne normale » lance ainsi la tenace enquêtrice Jaune à Mina, la jeune Rouge. « Normale ? Ça veut dire quoi normale ? ». Vaste question, à laquelle chacun répond avec ses valeurs, son éducation, ses convictions, et… ses tripes !
Cyan déborde de courtes scènes de ce genre, qui amènent à se poser des questions, parfois hélas déjà anciennes, sur la place de chacun et chacune dans le monde dans lequel il vit. Ici et maintenant, comme disait l'autre… Et dans le monde de Cyan, il n'est pas inutile de rappeler à certains que « Les races n'existent pas, il n'y a qu'une seule race, la race humaine. Maintenant que la science l'a prouvé la discussion est close, et les abrutis qui ne le comprennent pas n'ont plus qu'à se taire ».

Le dessin de Cyan est un peu déroutant au début, par ses couleurs, mais vu la thématique et le monde créé par Lucia Biagi il fallait bien ce traitement et cette gamme chromatique.
C'est un album qui est un peu de la même "famille" que ceux de Robin Cousin (chez Flblb) : un trait assez doux, des planches colorées... et un futur plus ou moins sombre !

Lien : https://bedepolar.blogspot.c..
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