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Critique de Poljack


Mon avis :
En premier lieu, je vais déjà pousser un coup de gueule à propos du travail d'édition : le fichier numérique mis à ma disposition est franchement plus qu'inconfortable à lire. Il a été créé à l'aide d'une version d'essai d'un logiciel… Résultat : non seulement tout le document est pollué par un filigrane (du nom de ce logiciel), mais la conversion vers E.PUB est complètement ratée. le moins gênant, ce sont les sauts de plusieurs lignes au milieu d'un paragraphe… C'est vous dire ! Mais le pire, ce sont les espaces ajoutées çà et là, au milieu des mots, parfois simples, parfois insécables. Rien que pour ça, j'en connais qui auraient abandonné la lecture avant la fin du premier chapitre !
Personnellement, je me suis accroché parce qu'il s'agit d'une histoire de voyou, et elles ne sont pas nombreuses, dans la littérature policière actuelle, les histoires qui mettent en scène des voyous… mais j'aurais eu bien d'autres raisons de laisser tomber ce roman avant la fin.
L'histoire n'est pourtant pas mauvaise, et le style, direct et sans fioriture, est dans l'ensemble assez agréable… si ce n'est qu'en plus d'avoir ce découpage dû à la conversion numérique, le texte souffre d'un découpage de ponctuation pour le moins surprenant. On dirait que l'auteur s'est dit quelque chose du genre : « les bons écrivains utilisent des points-virgules, alors je vais en mettre. » Et il en a mis ! Ou plutôt, il en a semé de-ci, de-là, au gré de sa fantaisie… et au mépris de toute règle ! On en a déjà un exemple dans le résumé que j'ai recopié tel quel, avec les fautes ! Et s'il n'y avait que les points-virgules qui fâchent ! Les virgules ne sont pas toujours très bien placées, quand elles ne sont pas tout bonnement absentes là où elles seraient nécessaires, quant aux points, on en trouve à des endroits où ils n'ont pas leur place, au risque de corrompre le sens de la phrase. Bref, il y a un gros problème avec la ponctuation… mais pas que ! La mise en forme du texte laisse aussi à désirer, avec des retours à la ligne qui ne sont pas faits, des interlignes mal choisis, notamment dans les dialogues, et autres désagréments visuels du même genre.
On peut aussi regretter des phrases mal foutues, parfois pas finies, comme si l'idée était restée en suspens ou s'était perdue en route. Il y a aussi quelques changements de temps (de l'imparfait au présent) qui ne se justifient pas et des changements de narrateur (de la troisième à la première personne) pas vraiment maîtrisés…
Mais assez parlé de la forme, venons-en au fond : l'histoire ne manque pas d'intérêt dans son originalité et sa construction. L'époque (1985) est bien rendue (à un ou deux détails près) et les descriptions sont réalistes, généralement sans erreurs (à part d'avoir attribué un moteur « flat twin » à une coccinelle, ça, c'est carton rouge !) Dans l'ensemble, le rythme est plutôt soutenu, les amateurs de polars basés sur l'action y trouveront leur compte. Autre point positif, Philippe Jean Biord prend le temps d'installer les personnages et nous donne beaucoup de détails. Même les seconds rôles ne sont pas oubliés et sont bien marqués, même si certains (les deux flics parisiens, entre autres) sont assez caricaturaux. En contrepartie, malgré cette étude des personnages de qualité, l'auteur a voulu mêler à ce roman des pensées plus personnelles − ce qui est tout à son honneur, mais ce n'est pas toujours en adéquation avec ses personnages. Daniel et son ami Bill nous sont présentés comme des jeunes hommes qui sont tombés rapidement dans la petite délinquance, abandonnant leurs études assez tôt… les paroles que l'auteur leur prête paraissent parfois peu crédibles dans leur bouche. Un exemple : lors d'une soirée de « philosophie de comptoir », les deux comparses évoquent les droits de la femme… Plutôt bizarre, quand on sait que l'un est issu de l'immigration d'Afrique du Nord, et que l'autre a adopté le mode de vie des gitans ! Et tous deux ont une vision de la femme assez classique dans le mode « macho ». D'ailleurs tout le roman reflète une vision très phallocrate, les femmes sont soit des mères (ou des femmes dévouées qui savent que leur place est à la cuisine pendant que les hommes parlent entre eux) soit des putains ! Deux d'entre elles pourraient avoir un meilleur rôle, mais l'une, Nina, est écartée de l'histoire avant que l'action démarre vraiment et l'autre est une nymphomane perverse. de plus, l'auteur a jugé indispensable de parsemer ce récit de scènes érotiques très crues, mais pleines de clichés. Certaines ne sont pas vraiment utiles à mon avis et semble n'avoir d'autre raison d'être que de parler « cul ».
Pour le reste, il y a de vraies bonnes idées, une histoire qui tient debout, et des personnages plutôt attachant. le final est un peu en décalage et traîne en longueur, comme si l'auteur plaçait les fondations d'un deuxième tome… Souhaitons-lui de travailler avec des relecteurs plus compétents que pour cet opus qui aurait certainement pu être mieux abouti.
En conclusion, ce Dernier voyage à Amsterdam est un roman qui n'aurait jamais dû sortir dans l'état et ne vaut que pour l'originalité de son histoire.
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