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Critique de Viracocha


J'aurais pu dire Drogues, sexe et flingues mais la présence importante des gares et de ses moyens de locomotion fait que j'ai opté pour les trains. Il faut dire que lorsque l'on se lance dans la lecture de ce roman, on ne sait pas trop quelles escales on va visiter. On se doute que le terminus va nous amener à Amsterdam, et on s'imagine que la prostitution et les drogues seront des sujets inévitables mais pour le reste, on reste dans le vague. Allez, syno.

Au milieu des années 80 les destins de deux jeunes, vivant en marge des règles et des lois de la société, vont se croiser.
Daniel vit de petits boulots et arrondit ses fins de mois en faisant des voyages à Amsterdam. Son ami et complice Rachid, alias Bill, dont on verra aussi l'histoire, est un petit caïd du 93.
Les « frères » gitans de Daniel lui proposent de faire un convoyage de voitures de luxe, volées qui doivent être livrées à Amsterdam.
Dans le train qui l'emmène à Bruxelles où il a rendez-vous avec le commanditaire russe, il se passe des choses qui n'étaient pas vraiment prévues au programme.
Une blonde à la beauté sulfureuse lui fait perdre la tête avec ses longues jambes gainées de soie.
Et pour finir, l'estourbit d'un coup de sac à main plombé ; quand il arrive enfin à Bruxelles, sa chère Nina a disparu ! le « bisness » démarre sous de mauvais augures…

Bon, il faut dire que je n'ai pas vraiment lu le synopsis au moment de me lancer dans le bouquin. La simple promesse de visiter Amsterdam, une ville que je connais uniquement de réputation, suffisait à me faire composter mon ticket de train. J'ai donc suivi les yeux fermés Daniel, le personnage principal, lors de son pèlerinage en terre batave. D'un côté, je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de livres, mais en tant que spectateur de cinéma, j'ai toujours apprécié les films avec des gangsters, des fusillades et des négociations fructueuses dont on se doute qu'elles n'aboutiront pas comme les partis concernés le souhaitent. Ainsi, j'ai découvert les aventures de Daniel avec une légère fascination.

Avec une légère fascination mais aussi avec une certaine suspicion. J'ai bien aimé dans l'ensemble le scénario et la trajectoire de Daniel mais je dois avouer que j'ai parfois été surpris par les choix scénaristiques de l'auteur. J'ai été étonné de voir comment un gitan devenait un type insensible à la peur et capable de se frotter à des membres de la pègre russe, que l'on n'imagine guère faciles à amadouer. Je dois avouer que ce n'est pas le réalisme de l'histoire qui m'a tenu en haleine mais plutôt le charisme grandissant du héros choisi par Philippe Jean Biord.

Malgré certaines divergences d'opinion, j'avais vraiment envie de connaître la suite des événements et de voir comment Daniel allait se sortir du traquenard dans lequel il se jette la tête la première. Non pas par désir de le voir s'enrichir avec des activités illégales, mais plutôt pour voir sa nature de "justicier" s'éveiller. Car derrière des activités frauduleuses, il y a aussi le souci de sauver une jeune fille et d'endiguer un trafic non pas de substances illicites mais d'êtres humains, et en particulier de femmes.

Derrière cette histoire de bad boys et de gros durs se fond une réflexion sur des thèmes de société. La prostitution et la consommation de drogues sont les deux principaux sujets abordés. Mais pas uniquement. La religion est notamment évoquée, en particulier par l'intermédiaire de Rachid, dit Bill, un des deux personnages principaux de ce récit. Personnellement, je n'ai pas adhéré pleinement à la manière de l'auteur de critiquer l'influence négative de la religion. Je dirais que je serai d'accord sur le fond, mais pas sur la forme. Je ne crois pas que créer un personnage musulman qui boit du whisky à tour de bras, qui mange du porc et qui trompe sa femme à la moindre provocation soit une bonne idée. Maintenant, il s'agit de point de vue subjectif et de libre-arbitre, sachez que vous pourrez confronter votre opinion au sien en lisant son roman. Sa façon d'aborder les choses est relativement originale et inhabituelle.

Après, il faut le reconnaître, l'auteur a un style franc et direct qui peut plaire, et qui m'a plu... mais par moments. À d'autres, ce n'est pas tant qu'il m'a dérangé car je suis relativement ouvert d'esprit et je ne fais pas la vierge effarouchée facilement mais il s'est permis certaines scènes réservées pour adultes qui m'ont paru un peu cliché et vraiment misogynes. Disons que je ne vois pas la femme de la même manière que Bill et Daniel, alors je n'ai pas observé leurs ébats avec le même regard qu'eux et je n'ai pas été convaincu par la pertinence et la nécessité de certains passages. Néanmoins, ça fait partie de la patte de l'auteur. On le sent tout le long du roman, même lors de chapitres moins truculents.

En ce qui concerne la plume de l'auteur, je l'ai trouvée plutôt agréable dans l'ensemble mais perfectible. Quelques maladresses jonchent le récit, notamment au niveau de la syntaxe et de la construction de certaines phrases ou de la prise de position du narrateur. Rien de rebutant pour moi, car j'ai commis des erreurs plus ou moins semblables quand j'ai décidé d'écrire, mais qui pourrait être plus incommodant pour d'autres. Cela ne m'empêcherait pas de relire un de ses livres car je suis certain qu'au vu de la qualité d'écriture de l'écrivain, il ne pourra que se bonifier avec le temps. Comme un bon vin.

Il n'en reste pas moins que l'aventure est bien construite et que l'ensemble demeure cohérent. J'aurais un seul reproche à formuler à l'auteur : Mais que devient ce fameux rouquin ? Soit j'ai été négligent lors de la lecture, soit j'ai eu l'impression que l'on a abandonné ce personnage qui avait été approfondi alors qu'il pouvait être encore être utile. Est-il mort ? Pour conclure, si l'on aime Amsterdam, les histoires qui évoquent les trafics divers et variés, les gangsters et éventuellement les gitans, alors ce livre devrait vous plaire. En tout cas, je ne le conseillerai pas à des féministes déterminées. Ce serait le bémol que je reprocherais à ce livre, j'ai trouvé qu'il sentait trop la testostérone.

À vous de voir.
Lien : http://leslecturesdechrisred..
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