AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Patsales


La quatrième de couverture annonce « une approche très originale » du fonctionnement de la démocratie. Cette originalité n'est guère patente, ce qui n'enlève rien aux qualités de ce livre. C'est un ouvrage synthétique extrêmement clair, écrit dans une langue accessible et nourri d'exemples pertinents qui replacent les gilets jaunes (notamment) dans une perspective plus large.
La première partie m'a paru longuette, qui rappelle les extraordinaires progrès nés de la démocratie ainsi que sa tare originelle : promouvoir un idéal à jamais inaccessible et en rester décevante. À ce défaut consubstantiel s'ajoutent deux aléas actuels. Tout d'abord l'absence de choix alternatif: le communisme a disparu, la dictature se défend d'exister ; faute d'adversaires, le démocrate tergiverse et dévalorise ses acquis (ce qui n'est pas forcément un mal). Et aussi l'arrivée d'Internet, propice à l'entre-soi et au complotisme.
Cette première partie sans doute nécessaire ne faut qu'organiser un certain nombre de lieux communs. Plus intéressante est la suivante qui explique comment les démocraties autoritaires ont su séduire au nom même de ce qu'elles affaiblissent en présentant l'action immédiate d'un leader charismatique comme l'aboutissement du principe démocratique. J'ai beaucoup apprécié les pages qui expliquent le succès des populistes par la sacralisation de la liberté individuelle qui renvoie tous les garde-fous institutionnels au rang d'obstacles à la volonté du peuple.
La troisième partie insiste sur le problème planétaire qui doit désormais nous occuper, la crise écologique. J'ai retrouvé ici le même argumentaire que celui développé par Raphaël Glucksmann dans Les Enfants du vide : cette crise est l'occasion de remettre à plat les principes de nos sociétés, de retrouver du sens et par la même occasion fraternité et plein emploi.
Sauf que ce livre est bien plus subtil que celui de Glücksmann, et que Bischoff ne cache pas son pessimisme : « Quand d'autres pays voient la dégradation se manifester directement dans leur environnement, c'est sous la forme de chômage, de migrations et de colères sociales qu'elle se manifestera ici. Or ces sujets constituent justement le « fonds de commerce » des partis populistes et autoritaires. Ils peuvent d'ores et déjà se frotter les mains, ils seront au pouvoir quand nos sociétés s'effondreront. »
Donc, on n'a pas vraiment le choix, Démocrates de tous les pays, unissons-nous, mais c'est pas gagné.
Commenter  J’apprécie          241



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}