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Critique de anlixelle


Quelle joie de pouvoir lire un roman qui traite d'écologie et de la volonté d'une minorité de producteurs soucieux de se démarquer de la culture intensive et de la grande production.
Je remercie d'ailleurs vivement Babelio ainsi que les éditions Gallimard pour cet envoi tout à fait original.

Ma joie fut grande de découvrir cette histoire de fratrie particulière, avec une opposition intellectuelle franche entre les deux frères, tels Caïn et Abel, le tout au coeur du bocage vendéen contemporain.
Assez vite, cette dualité laisse place à un personnage essentiel dans ce récit, le financier qui, tel Machiavel tissera sa toile sans respect aucun pour l'humain comme le végétal.

La culture du sol est un langage qu'il faut apprendre, car on doit comprendre comment il résonne à l'échelle de l'écosystème. C'est que ce roman nous permet d'explorer aussi l'historique des effets à court comme à longue échéance des produits issus de l'industrie pétrochimique sur l'environnement.
L'agriculture intensive chimique de la PAC en prend pour son grade. J'ai adoré ça !

De plus, ce roman passe aussi au crible les défauts de quelques bobos parisiens, communauté qui se dit gastronomique, mais qui parfois trompe la nature et le paysan, en se mentant à elle-même.

Le conservatisme dominant, le pouvoir des syndicats des agriculteurs intensifs y sont finement décrits.

La louve est un personnage féminin, essentiel par sa personnalité engagée droite et aimante. Il est d'ailleurs amusant de constater qu'une coopérative parisienne porte actuellement ce nom.

Paul-Henri BIZON nous offre donc là un texte politique, culotté et courageux.
D'un sujet qui n'intéresse pas encore la littérature romanesque, parce qu'il dénonce et bouscule un ordre établi, l'auteur réalise une histoire qui se tient bien et qui annonce que la vérité doit être dite. A tous. le roman devient engagé et sert aussi à dénoncer.

J'ai beaucoup apprécié l'empathie de l'auteur pour ses personnages (non véreux), la progression dans son désir de comprendre les tenants et les aboutissants. Il est flagrant que derrière ce roman un long travail de recherche a été mené, et c'est tout à son honneur.
Entre roman et documentaire, parfois la limite est cependant floue, mais je ne vais pas m'en plaindre. Loin de là.

Je regrette une chose cependant, que le curseur soit un peu trop resté sur Raoul Sarkis, le personnage malhonnête qui évolue dans le microcosme festif et parisien. Il m'aurait été agréable d'accompagner davantage les producteurs de la louve dans leur quotidien, que les relations entre les plantes, les rôles multiples que chaque espèce joue au coeur de l'écosystème nous soient contés aussi.
J'aurais aimé que La louve soit l'occasion d'expliciter ce que sont la permaculture et l'agroforesterie.

Toutefois, il m'est force de reconnaître que pour un premier roman, le sujet choisi et le courage de son auteur m'ont beaucoup plu, et j'espère que d'autres publications s'ensuivront dans la même veine.


Lien : http://justelire.fr/la-louve..
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