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Citations sur L'appel de la rivière (11)

Le regard du mort peut donner cette impression, en effet. Le regard du mort peut souvent fonctionner comme le trou de serrure qui ouvre sur l'éternité. Les yeux du mort ont une lumière rare. Peut-être parce que le regard est désormais fixe. Le mort voit. Et ce regard a nettement plus d'autorité que celui d'un vivant.
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Le vin rouge était idéal pour les gens qui aspiraient à autre chose, et si ce n'était cet autre chose, alors ils cherchaient à faire une pause avec eux-mêmes. Le vin blanc, lui, convenait aux personnes désireuses d'une stimulation supplémentaire. En conséquence de quoi il existait des personnes plutôt vin blanc et des personnes plutôt vin rouge. Moi, je ne savais pas où me situer. Je savais seulement que j'aimais boire et que cette inclination était destructrice pour un pianiste.
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J'ai subitement envie d'aller faire pipi. De le couloir, il est plus facile de l'entendre , mais je n'ose pas m'immobiliser devant la porte pour l'écouter. J'entre dans la salle de bain, puis ressors.
Et je tombe sur elle.
Elle est en chemise de nuit. Courte et blanche. Elle marche pieds nus. Les cheveux défaits. Dans la pénombre elle est d'une beauté irréelle.
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Nous nous embrassons, stupéfaits, comme deux adolescents devenus adultes trop vite.Je bénéficie de son âge, de son expérience, de sa très grande liberté qui semble ne connaître aucune limite, mais aussi de son extrême timidité. Et bien qu'en cet instant nous soyons proches l'un de l'autre, j'ai l'impression que son visage se referme lentement, comme si la confiance entre nous s'étiolait, parce que nous sommes désormais des amants, parce que notre relation est devenue dépendante du désir et des pulsions, parce que dorénavant, et avec quelle facilité, nous pourrions mutuellement nous blesser, parce que nous souhaitons, instinctivement, nous protéger des déceptions que l'un est capable d'infliger à l'autre.
Nous ne quittons pas le lit.J'ai dix-huit ans, je suis fort comme ne l'ai jamais été, et je la veux : elle, Marianne Skoog. Elle le sent, et enflamme ce désir qui pendant si longtemps à été ma honte.
Ses pleurs redoublent d'intensité. Elle ne veut pas que je la console. C'est d'ores et déjà un rituel entre nous. Sitôt que je me retire, sa main me rattrape. Tout est d'une telle évidence. Ses yeux ouverts, jusqu'à ce qu'elle les referme avec force. Je n'ose demander ce qui se passe. Je me sens seul avec elle. Elle me serre dans ses bras.et pourtant, tapi au plus profond de mon corps, subsiste un espace glacé, gelé.
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J'observe le piano à queue dans le salon en songeant tout à coup que l'instrument se dresse entre le monde et moi; que je me suis noyé en lui et ai à peine survécu à cette noyade, moi qui suis censé transmettre un message important sans pour autant que je sache tout à fait si le message de la musique est important. Je suis pour la énième fois saisi par une soudaine incertitude quant à la justesse de mon choix: je me demande à nouveau si je veux vraiment devenir musicien, si je peux avoir aux yeux des gens autant d'importance que Marianne en a eu pour ses patientes parce qu'elle est, elle, en permanence impliquée corps et âme dans ce qu'elle fait, parce qu'elle a un devoir social et une vision politique.
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La mort n'apporte jamais de réponse, mon garçon. Mais elle apporte une chose : la paix. Pour certains d'entre nous, c'est suffisant.
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Tout ou presque a été nettoyé, comme souvent dans cette vie. Tu ne trouves pas ça bizarre, toi, que la vie finisse systématiquement par détrôner la mort ? Des arbres poussent désormais à Waterloo. Des gens riches à millions habitent dans l'enfer indien du Connecticut. Et je parierais que si tu vas à proximité d'Auschwitz- tu trouves deux ou trois excellents restaurants.
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En tout cas elle s'est retournée. Elle m'a salué d'un petit mouvement de la main. A l'instar de maman avant qu'elle ne tombe dans la cascade. Et moi, dans mon ivresse et ma fatuité, là ou je me trouvais sur scène, je n'ai pas vu qu'il s'agissait d'un adieu. Je croyais que c'était une promesse, qu'elle tendait le bras en l'air, pour me dire qu'elle serait près de moi dans un instant, qu'elle allait s'élancer dans l'entrée principale, contourner le bâtiment au pas de course, afin de m'attendre dans la loge des artistes dès que je redescendrai de scène, après un dernier rappel, dont aujourd'hui encore je ne me souviens pas le morceau.
Mais le souvenir que je garde d'elle est celui-ci :
Si enjouée, si juvénile, et avec un enfant dans le ventre. Elle avait l'air tellement soulagée, songé-je aujourd'hui, car c'était terminé, car la souffrance allait enfin cesser. Elle était tellement soulagée que la vie s'épuise à s'habituer à elle. Elle était tellement soulagée car enfin ça allait marcher pour moi. Et peut-être, songé-je également aujourd'hui, tandis que le dos courbée j'écris tout ceci et me sens épuisé, éreinté, peut-être y avait-il une joie, dans ces tout derniers instants. Une attente, malgré tout. Peut-être se rappelait-elle, aux dernières minutes de sa vie, lorsqu'elle s'est à nouveau tenue sur le tabouret, dans la cave, qu'elle s'est étirée vers elles, vers ces ultimes secondes, oui, peut-être se rappelait-elle les phrases que je lui avait citées quand, jeunes mariés, étendus dans le lit, quelques semaines plus tôt seulement, à l'Hôtel Sacher, à Vienne :

" Le chagrin dit : Passe et finis! Mais tout désir mérité éternité. Mérite une profonde, une très profonde éternité." Nietzsche , Ainsi parlait Zarathoustra.
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Nous rencontrons des gens, nous nous attachons à eux, nous nous lions à eux de peur de passer à côté de quelque chose. Mais c'est peut être justement en faisant çà qu'on passe à côté de quelque chose. Quelque chose d'autre. Qui aurait pu être plus juste pour nous.
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Les morts vivent avec nous, que nous le voulions ou pas. Parfois, je me prends à penser que ce sont eux qui décident du temps qu'ils vont passer auprès de nous, eux qui sont morts auprès de nous qui sommes vivants.
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