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Jean-Baptiste Coursaud (Traducteur)
EAN : 9782253121848
443 pages
Le Livre de Poche (01/02/2008)
3.7/5   252 notes
Résumé :
La Société des Jeunes Pianistes, c'est le nom que s'est donné un groupe d'adolescents passionnés, à Oslo, à la fin des années 1960. A la fois amis et rivaux, ils ont en commun l'amour de la musique ; pourtant, un seul remportera le concours du " Jeune Maestro ". Tous vont subir une terrible pression de leur entourage, mais surtout d'eux-mêmes. La Société des Jeunes Pianistes est un roman initiatique, grave et subtil, qui évoque le désir, la vie, la mort.
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 252 notes
Touche noire, touche blanche. Un petit tabouret fait face au Steinway. La salle est vide et froide. Accroché au mur, un tableau de Munch. Dernière répétition avant le spectacle, le grand show, celui qui verra ma consécration. Je vais jouer pour toi, ma belle qui me lit (toutes les babeliotes au féminin se reconnaitront). Car le piano, c'est uniquement ça. Jouer pour celle que j'aime. Penser à celle que j'aime, mon amour de toujours. Je m'assois sur ce minuscule tabouret, les épaules raidies par la pression qui m'écrase. Demain, c'est le grand jour, celui où je vide mes tripes, où je m'arrache de ma coquille pour enchaîner le second mouvement de Chopin, le troisième mouvement de Ravel, le sixième de Schubert. Je me suis entraîné des heures durant pour juste une heure de présentation. Elle doit être magnifique, je ne dois pas gerber. Je m'incline respectueusement devant ces touches noires et blanches qui n'en finissent pas, comme si ce Steinway était mon autel shinto. J'avance mes mains, prêt à vibrer imperceptiblement sur ces touches. Je ferme les yeux. Ces touches deviennent des formes à caresser, des seins et des fesses que je frôle délicatement. Je n'ose rouvrir les yeux. J'ai peur que le public soit là. Trop d'attente, j'ai envie de vomir.

En fait, tout ça, c'est n'importe quoi. Je ne sais pas jouer du piano. Je ne peux pas jouer pour toi. Je ne suis ni jeune, ni pianiste. Je ne fais pas partie de cette « Société des Jeunes Pianistes » qui s'est fondée en Norvège, au cours de l'année 1968. Je mets un disque, pour me faire pardonner, pour ressentir ces émotions par électrophone interposé. Je cherche Bach, Beethoven ou même Rachmaninov. Je n'en trouve pas un. Je suis un inculte en matière de musique classique, comment puis-je espérer jouer pour toi, qui me lit et m'écoute. Tant pis, je sors un disque des Doors…

J'ai compris une chose. Prendre son temps, entre les touches, entre les notes. le temps de la respiration, le temps de la réflexion, le temps de l'introspection. Certes, il faut des moments de fougues et de passion, mais aussi savoir mettre un frein à ses pulsions pour savourer l'échange avec le public, avec toi. Savoir écouter le silence. Et même si je n'écoute pas de classique, je perçois ces mêmes sentiments dans le jazz. Miles Davis, Keith Jarrett ou Ketil Bjørnstad. Tiens donc ce dernier est norvégien, il a le même âge que le héros solitaire de « la Société des Jeunes Pianistes ». Ne serait-il pas l'auteur de ce roman ? Un livre à perception autobiographique, même ? Cela fait quelques années que j'écoute le pianiste norvégien, certes épisodiquement. Mais sa musique m'émeut. Pour cette raison que j'ai peu de disques de lui, je n'ai pas encore fait le tour de ceux que j'ai. Tant qu'ils me bercent autant d'émotions, je n'ai pas encore envie de passer au suivant.

Roman d'initiation, roman adolescent. Mais bien plus ici. Roman émouvant, roman tranchant. J'appréciais déjà la pureté des notes du jazzman, je découvre l'émotion à travers sa plume. « La Société des Jeunes Pianistes » m'a procuré tant de plaisir, de bonheur, de frisson. J'ai pleuré, j'ai trouvé cette histoire belle, celle d'une jeunesse vivant dans un autre monde, celui de la musique classique. J'ai découvert qu'on pouvait être jeune et être ébranlé par Schubert alors que moi, quand j'étais jeune, je n'écoutais que les Doors. Et au milieu de cette société, se jouent les petits drames du quotidien et les grands drames de la vie. J'aurai tant aimé faire partie d'une telle confrérie, juste pour vivre ces instants intenses et magiques, de sentir la dramaturgie de la vie qui se joue à chaque inspiration, à chaque note sur un clavier. Oui, j'aurai tant aimé m'assoir sur un petit tabouret, devant un Steinway trop grand pour moi, et jouer pour toi.

La suite en musique [...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Un très beau roman emprunté à la médiathèque grâce à mes ami(e)s de Babelio que je remercie.
Ils se reconnaîtront .


Une oeuvre d'initiation , à propos de l'adolescence et le passage délicat à l'âge adulte sur fond de drame familial mais le lecteur sent dès le début que ce ne sera pas le seul, dans la Norvège méconnue des années 60 ..où là jeunesse admirait KIM Novak, Audrey Hepburn, Nathalie Wood....

Une histoire de deuil, d'amour, de passage sur scène parfois dramatique ....sur fond de musique classique : Debussy, Brahms, Bach , Ravel...

Portés par la musique qui imprègne ce récit , à la fois universel et intime : un groupe de jeunes garçons et filles surdoués décident de créer une sorte de confrérie : « La Société des Jeunes Pianistes » leurs idoles sont Arrau ou Rubinstein ....
A la fois amis et rivaux, Ils pensent, rêvent, vivent , travaillent, s'angoissent pour le piano !

Ils s'entraînent et progressent dans la douleur ou l'exaltation .

Ils ont du mal à s'extraire de la MUSIQUE qui est leur vrai langage , parfois en proie à la désespérance.

Haxsel , seize ans, jeune pianiste virtuose , adolescent en construction, prépare un prestigieux concours :«  Mon piano m'a transformé en loup solitaire. », (l'auteur est lui même pianiste et compositeur) nous fait partager ses angoisses, hésitations, contradictions, émotions , atermoiements et doutes multiples face aux peintures monumentales de Munch. ....jusqu'à plus soif,,...
Des pages pétries du fantôme de parents disparus et d'étangs meurtriers , d'alcool , de pression et de désir adolescent ....
Cette oeuvre poignante et poétique ——fataliste——-au fond, nous happe de bout en bout ....
Elle nous questionne sur l'amour, la mort, le sens de la vie, les rivalités et les non dits ——-nous plonge surtout et avant tout ——au sein du domaine si particulier de la musique classique .....
À lire pour la beauté des émotions, le désir présent partout , la grâce et la mélodie subtile que nous joue l'auteur, Debussy, Brahms, Ravel , Schubert et le concours«  Jeune Maestro du Piano » ....la peur de sa vie pour Aksel...Notre Héros ...
Mais ce n'est que mon avis, bien sûr !
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Voici un autre livre que je n'aurais pas lu de moi-même. Et pourtant se fut une belle découverte. Etrange, mais belle.

Dans La Société des jeunes pianistes, le lecteur traverse la période tourmentée de l'adolescence d'Aksel, jeune pianiste virtuose. La 1ère scène est tout simplement splendide ! Si riche en émotions, elle préfigure tout le reste du roman : beaucoup d'amour et de souffrance, des émotions très fortes. La relation parent/enfant est évoquée, la fratrie, le désir charnel, le sentiment d'amour, le questionnement sur l'avenir, la souffrance de ceux qui se cherchent.

Les personnages secondaires ont tous une telle consistance ! Grâce à eux j'ai de suite été happée dans ce monde si particulier de la musique classique. Je ne suis pas tellement amatrice, bien que j'apprécie certains morceaux, mais nul besoin de s'y connaître pour apprécier. La musique devient ici vitale, elle exprime des sentiments. Pour moi, la musique classique était avant tout une technique. J'ai découvert qu'elle était surtout transmission d'émotions.

Mais il faut bien dire que l'ensemble est très noir, très fataliste, très tourmenté. Il faut être bien dans sa peau pour continuer jusqu'au bout... J'avoue avoir un peu décroché en milieu de livre, à cause de toute cette angoisse. J'ai fait une overdose mais j'ai pu ensuite repartir de plus belle.

A découvrir pour la beauté des émotions et de l'écriture, dans un moment serein, en prenant son temps.

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Oslo, fin des années 60. La famille Vinding se disloque après la mort tragique de la mère. Cette femme fantasque et perpétuellement insatisfaite, qui passait son temps à boire et à se disputer avec son mari, avait pourtant transmis à son fils Aksel sa passion pour la musique. Seul et perturbé, l'adolescent décide d'arrêter le lycée pour se consacrer au piano et à la préparation d'un concours de jeunes talents. Mais la concurrence est rude. Ils sont quelques uns à vouloir sortir vainqueur de ce concours. Aksel se sait doué mais est-il le meilleur? Et saura-t-il garder son sang froid lorsqu'il découvrira qu'Anja Skoog, la fille qu'il convoite en secret, est elle aussi une des participantes?


Ambiance étrange et froide pour ce roman qui nous entraîne dans le monde des jeunes concertistes qui pensent, rêvent et vivent pour le piano. Leur quotidien c'est Beethoven, Vivaldi ou Ravel. Leurs idoles sont Arrau ou Rubinstein. Leur monde tourne autour de la musique, des grands compositeurs, des sublimes interprètes, des professeurs de renom. Tels les grands sportifs, ils s'entraînent et progressent dans la douleur. La musique devient une compétition où le moindre faux pas est fatal. Ils vivent leur passion au point de s'en rendre malade. Ce sont des adolescents, presque des enfants encore, et déjà ils ont des préoccupations d'adultes, doivent faire des choix cruciaux pour leur avenir et cela ne se passe pas sans drames.
Chronique douce-amère, mélancolique et langoureuse, La société des jeunes pianistes se laisse lire avec lenteur et pourquoi pas un adagio de Bach en fond sonore...
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A Oslo, des adolescents partagent leur temps entre le lycée et les gammes au piano. Il y a Aksel, le narrateur, qui a acquis l'amour de la musique grâce à sa mère, la mystérieuse Anja qui a des relations très fortes avec son père neurochirurgien, Rebecca appartenant à une riche famille, mais aussi Ferdinand et Margherete Irene. Ils sont à la fois amis et concurrents, passent des auditions en particulier le concours Jeunes Maestro du Piano. Tous les cinq vont fonder la Société des Jeunes Pianistes.
C'est aussi une histoire d'amour, celui d'Aksel pour Anja. Et celui d'Aksel pour sa mère disparue lors d'une baignade dans des courants trop forts.
Ce roman (d'inspiration autobiographique ?) parle de l'adolescence et de la découverte de l'amitié, de l'amour, de la sexualité, d'ambition et d'échec, de la mort…

Il y a évidemment beaucoup de notations sur les oeuvres étudiées, c'est sans doute ce qui m'a le plus plu. Un roman dont je conseille la lecture pour la musique mais aussi pour la plongée dans l'adolescence et dans la nature, très présente. Un roman complet en quelque sorte.






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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
- A partir d’aujourd’hui, ce sera notre musique. Elle nous liera l’un à l’autre.
J’ignore pour quelles raisons je dis cela. C’est une phrase idiote, banale. Et pourtant, elle me plaît. Au moment même où je la prononce, dans ce fauteuil, en cette nuit de juin. Et c’est l’instant que choisit papa pour rentrer. Cathrine ne l’a pas encore vu, mais moi, si. Un doigt posé sur sa bouche, il me fait signe qu’il ne souhaite pas nous déranger. Debout dans l’embrasure de la porte, il nous regarde et sourit car il nous croit heureux. Il croit que nous honorons la mémoire de notre mère, que désormais tout ira bien. Et cette pensée est pour lui renversante puisque j’aperçois une larme couler le long de son nez. Une grosse larme brillante, qui s’écoule des yeux d’un homme entre deux âges. Son doigt ne quitte pas ses lèvres et je songe, en cet instant, que je donnerais tout l’or du monde pour que le temps s’arrête. Il n’a plus besoin de continuer à s’égrener.
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Je ralentis le tempo, peu à peu, jusqu’à obtenir un ritardando époustouflant comme quasiment personne ne le pratique, à l’exception de ce groupe de rock étrange originaire des USA, qui se fait appeler The Doors. J’ai comme l’impression d’être englouti dans un autre monde, un monde où règne à la fois sensibilité et sensiblerie où la moindre note possède sa propre valeur.
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Ce qui signifie, poursuit-il, que l'on doit ouvrir les yeux à tout ce que la vie a d'autre à nous offrir. Rubinstein m'a confié qu'il ne répétait jamais plus de trois heures par jour. Car il y a les livres que je dois lire, les femmes dont je dois faire la connaissance, les peintures que je dois voir et le vin que je dois boire.
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Répéter m’apporte cette part de sens que je recherche. Je peux m’isoler dans la musique, m’enterrer dans les détails, marteler un semblant de colère ou interpréter Chopin pour pleurer toutes les larmes de mon corps.
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Je m’approche de son électrophone. Je mets un disque. Le Quintette à cordes en ut majeur de Schubert. Le deuxième mouvement. Les larmes coulent sur nos joues.
- C’est beau, dis-je.
- Tellement beau que ça devrait être interdit.
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