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Critique de Henri-l-oiseleur


Cette anthologie "grand public" de la plus ancienne littérature écrite au monde est le fruit du travail de quatre sumérologues, qui se sont réparti la tâche d'introduire (parfois d'établir) et de traduire les textes les plus significatifs que les Sumériens nous ont légués. On trouvera des épopées de héros et de rois, des poèmes mythologiques dont les héros sont des dieux, des textes lyriques, des hymnes destinés au culte, des lettres, des anthologies. le lecteur est guidé par de courtes introductions et des notes, ce qui fait un volume de 370 pages à feuilleter et à lire sans s'astreindre à suivre l'ordre des matières, qui est thématique et non chronologique.

On gardera présent à l'esprit que la langue sumérienne (langue unique, isolat verbal, parlé au sud de l'Irak antique) n'a été redécouverte par les archéologues qu'à la fin du XIX°s, dans des textes grammaticaux, lexicaux et scolaires établis après la mort de cette langue par les voisins babyloniens, qui parlaient l'akkadien, langue sémitique parente de l'hébreu et de l'arabe. Autrement dit, nous n'avons que rarement un accès direct aux textes et aux auteurs sumériens eux-mêmes, cet accès est filtré et médiatisé par les écoles postérieures, d'érudits de langue sémitique qui apprirent le sumérien comme une langue morte et en copièrent les grands chefs-d'oeuvre. C'est leur choix, leur sélection scolaire et culturelle, leurs reconstructions éducatives qui nous donnent cet accès indirect à la littérature sumérienne, un peu comme si nous ne connaissions Racine, Diderot et Balzac que par des extraits choisis pour un livre de français destiné aux lycéens de Hong-Kong ou de Moscou.

Donc, un des grands intérêts de ce livre est de nous donner accès à la toute première fois où l'on inventa la notion de "littérature", où l'on sélectionna des textes, sacrés "littéraires", et destinés à être enseignés à des jeunes gens comme la "plus belle expression" d'une langue déjà morte pour eux depuis des siècles.
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