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Critique de Profdoc16000


Un recueil de poèmes accessible et qui parle, plus que de la migration, de la transmission. Michael Rosen est issu d'une famille juive qui a subi l'Holocauste, et dès son enfance s'est interrogé sur son histoire familiale, celle qui rejoint la grande Histoire.
Et il y a un gouffre entre ce qui a été et ce qu'on lui dit. Comment parler de ces expériences terribles ? Quels mots sont à notre disposition ?
Que savons-nous réellement ? L'impossibilité d'interroger les membres de la famille, hantés par cette époque.

L'histoire des deux grands-oncles "disparus", dont son père ignore le sort :

"On demandait : Qu'est-ce qui leur est arrivé ?
Il répondait : Je sais pas.
Tout ce que je sais, c'est qu'ils étaient en France
quand la guerre a commencé,
et à la fin ils n'y étaient plus."

Le gamin qui cherche à connaître son histoire, ses origines, mais qui se heurte à l'ignorance même de ceux qui auraient pu savoir.
Et quand ils savent, les paroles semblent si dérisoires, si pauvres, comme quand sa mère lui raconte la bataille de Stalingrad :

"Tu vois, elle m'explique,
les troupes d'Hitler étaient comme ça...
Et elle commence à disposer toutes les assiettes,
les soucoupes, les saucières, le long de la table.
[...]"

Certains vers touchent profondément car ils racontent la perte de ce qu'on n'a pas eu :

"Tant de trous,
tant d'espaces,
sous le toit
de ma vie ;
un visage,
rien de plus,
une absence
dans ma vie."

Son père raconte le bombardement du Muséum d'histoire naturelle de Berlin en 1946, là où un "copain d'un ami" travaillait. En arrivant sur les lieux, il découvre les décombres, et entre les décombres, les squelettes de dinosaures ravagés. Un souvenir qui marque le père :

"Je ne les oublierai jamais,
ces squelettes dinosaures"

Et Michael Rosen de conclure :
"Moi non plus je ne les ai jamais oubliés
alors que moi je ne les ai jamais vus."

Ces poèmes mêlent l'histoire de Michael Rosen adulte et poète, et de l'enfant qui s'interroge. Les émotions sont contenues, les non-dits sont partout. le poème "Mon cousin Michael" est bouleversant.
Dans le quatrième et dernier chapitre, les poèmes évoquent le sort plus large de tous les "migrants" de la planète, obligés de fuir leur terre natale parce qu'ils est impossible de continuer à y vivre.

Les illustrations de Quentin Blake sont très fortes et collent très bien à ce recueil.
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