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Critique de DaddyXman


Ce livre aurait pu être un dossier dans un magazine féminin mais il y avait tant à dire sur la question du féminisme à enseigner aux garçons qu'il valait mieux faire un bouquin.
Alors la forme est très bonne. Les 5 parties sont bien articulées : l'état des lieux du sexisme, les différences d'éducation fille/garçon, discussion sur la virilité, les garçons/le sexe/l'amour et enfin le féminisme défendu par les hommes.
Les sources sont bien annotées et les chiffres sont tous supportés par des études citées en bas de pages. Un très bon travail de recherche. L'argumentation s'appuie sur de nombreuses interviews de spécialiste et d'ouvrage.
Des titres à chaque paragraphe qui donnent la ligne directrice de la discussion et des caractères gras pour des constats ou des conclusions permettent de marquer les esprits mais aussi de retrouver le passage qui parle de tel ou tel conseil, comme un manuel pratique.

Néanmoins, certains raccourcis sont hasardeux et pêchent en argument.
Page 11 « Les blagues sexistes, le harcèlement de rue, les maltraitances conjugales ou les féminicides (…) sont là les différents maillons d'un même système : le patriarcat. » Tiens ! Prends-toi ça dans la gueule le Padre ! On pourrait dire qu'au début du livre, cette phrase à toutes les chances d'accrocher un public adepte du féminisme et le conforte dans cette idée que le patriarcat, c'est mal (sans mauvais jeu de mot) et que par conséquent, un système sur lequel on pointe les défauts doit être éliminé. On pourra alors appliquer la même logique sur les voitures qui causent des accidents mortels par exemple.

Page 21 : « Il naît 105 garçons pour 100 filles. Mais dans les pays où la sélection prénatale est courante (…) plus de 115 garçons pour 100 filles. Autrement dit, il manque un paquet de femmes sur cette planète : 116 millions au bas mot, en 2010. » Ceci pour constater que les garçons font l'objet d'une préférence culturelle. Si vous prenez la pyramide des âges de notre pays (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381472) vous constaterez que ces 10 dernières années, il est né plus d'homme que de femme (entre 15 et 20 de plus). Vous pensez vraiment que les français le font exprès ? Vous pensez qu'on laisse une femme avorter parce qu'elle attend une fille ? Et puisqu'on aspire à générer des femmes indépendantes, quel est l'intérêt d'avoir autant de femme que d'homme voire plus ?

Page 21 : « les mêmes raisons, sans doute, qui poussent tant de gens à vous féliciter chaleureusement lorsqu'ils apprennent que vous avez enfanté un petit mâle : « Ah, un garçon… C'est bien, les garçons ! » Comprendre : c'est mieux qu'une fille. » :/ Vous avez déjà rencontré ce genre de personne, vous savez ? Ceux à qui vous dîtes : « t'es tout(e) belle/beau aujourd'hui » et qui te répondent : « Ah bon ? Pourquoi hier j'étais moche ?! » Ceux-là mêmes qui font des déductions suspicieuses au lieu de prendre un compliment et de dire merci.

Page 41 : A propos du sexe du bébé à venir. « Les gens sont obnubilés par cette question (…). Tu as envie de fromage ? « C'est un garçon, j'en suis sûr(e). » Ton bébé remue beaucoup ? « Ah, lui, c'est un futur boxeur ! » Il y a là deux problèmes. Ces équations [conso de fromage = garçon] ou autre sont de la fantaisie populaire héritée de temps anciens qui n'avaient pas d'échographe; le fait est que, malheureusement, ça se répand et les féministes y voient là une raison d'exiger une égalité en se basant sur ce qui reste une pure connerie d'ignorant.
L'autre problème, c'est que, hélas, quand on parle du bébé, le nom est masculin dans le dictionnaire. Par conséquent, n'en déplaise aux féministes qui souhaitent garder le « genre » secret jusqu'à la naissance, on va parler du bébé au masculin.

Page 54 : « La science, (…), n'est pas épargnée par le sexisme » Comment peut-on dire une chose pareil alors qu'il n'y a rien de plus impartiale que la science ? « C'est bien pour cette raison que les médicaments contre l'infarctus ont longtemps été testés sur des hommes (et tant pis si les femmes meurent davantage qu'eux de maladies cardio-vasculaires ». On s'étonne que c'est propos viennent d'un entretien avec le Dr Catherine Vidal, Neurobiologiste. Quand vous faites une étude clinique, le but est d'étudier la population à risque pour une maladie et il se trouve que les hommes, qui ne sont pas protégés par l'oestrogène et la progestérone (et vous savez pour quoi ? Ben parce qu'ils n'en ont pas, ce sont des hommes !) sont plus exposés aux maladies cardiovasculaires que les femmes avant 65 ans (l'âge vers lequel les risques sont communs puisque les femmes sont ménopausées) (réf : http://invs.santepubliquefrance.fr/publications/etat_sante_2017/ESP2017_Ouvrage_complet_vdef.pdf page 243). En recherche clinique, on préfèrera toujours étudier sur une population « plus jeune » pour plusieurs raisons : le métabolisme des médicaments s'altère avec l'âge, les patients ont de plus en plus de médicaments à prendre (maladie, effet iatrogène) et on veut réduire les risques d'interactions et surtout le suivi des patients est plus facile.
Toujours concernant le sexisme dans les sciences : « C'est bien pour cela aussi que des maladies aussi répandues que l'endométriose commencent seulement à être étudiées ». Il n'y a qu'une raison à cela et ce n'est pas du tout parce que le sort des femmes n'intéresse pas la science, c'est parce que l'endométriose est une maladie très difficile à diagnostiquer et le parcours médicale de la patiente est très long avant de conclure à cette maladie. Couplez à cela les critères d'inclusion des essais cliniques qui peuvent paraître restrictifs (question de standardisation), et vous obtenez seulement quelques données sur cette pathologie.

Sur le fond, je partage entièrement le message principal de l'auteure qui est qu'il ne faut pas « genrer » les qualités à transmettre aux enfants. Dans la vie, il faut être fort, certes, mais peu importe qu'on soit une fille ou un garçon, on n'est pas fort seulement comme un homme car quel que soit le sexe, on rencontre tous des épreuves auxquelles il faut faire face.
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