Le silence des pélicans

— Pis, as-tu pris des notes, le jeune ?
— Bien sûr.
— Lis-moi donc ça…
— Votre patron est un tantinet ridicule.
Un silence se fit, long de plusieurs secondes…
— Ridicule, peut-être ! Mais un tantinet, jamais !

Bonneau ne bougeait toujours pas. Les deux pieds bien ancrés sur la moquette, il maintenait la pose caractéristique des personnages flamboyants des vieux films de Sergio Leone. Le flamboiement en moins.

— Chaque chien a sa spécialité, expliqua Lacoste. Ça nous en prend un pour la dope et un pour essayer de trouver la trace de Marise Véronneau.
— Marise Véronneau ?
— Notre sourde, oui… Bonneau le regarda, éberlué :
— Eh ben ! Je savais pas qu’y avait des chiens exprès pour les sourds !

Une conterie de plus

Quelle raison pousse un jeune enquêteur brillant mais irrévérencieux à seconder un inspecteur médiocre dont on cherche désespérément à se débarrasser ? Et par quel calcul machiavélique a-t-on voulu les réunir ? Ce duo parfaitement incongru se retrouve pourtant au milieu d’une affaire dont personne n’avait soupçonné l’importance. Au cours de cette enquête qualifiée prématurément de routinière par l’administration, la mort d’une jeune étudiante apparemment sans histoires prend une tournure inattendue. Ce drame aurait-il un lien avec le cadavre d’un marin, amputé de ses pieds, que l’on vient de repêcher des eaux du fleuve ? Ou même avec cette fameuse « affaire des pélicans », survenue vingt ans plus tôt ? Et si c’est le cas, qui donc se cache derrière cette toile inquiétante, tissée dans le plus grand secret ?Au cœur d’une intrigue policière ficelée sur fond d’humour et de satire sociale, Bonneau et Lamouche mènent l’enquête, pour le meilleur et pour le pire…

En tout cas, souviens-toi toujours de la leçon, jeune, c’est souvent en posant des questions innocentes qu’on trouve des coupables.

A peine vingt-quatre heures plus tôt , il était étendu sur un lit d'hôpital, et voilà qu'il fonçait avec enthousiasme là où le devoir l'appelait, avec l'intime conviction que la vérité et la justice finiraient toujours par l'emporter.
Il était vraiment con !

- Allez mon bon Lamouche, et pas de bobards, crache moi ce caillou tombé dans ta mare

L’autre le regarda un moment, perplexe, avant de résumer en quelques mots :

- D’abord, on m’expulse de l’école de police pour insubordination chronique puis on me rappelle le lendemain pour m’offrir un poste d’assistant enquêteur supposément taillé sur mesure pour moi. Une déesse authentique me convainc de signer un contrat qui est de la frime. Je me retrouve sur une affaire d’accident qui n’en est pas vraiment un impliquant une jeune femme qui n’existe pas officiellement, tout ça aux côtés d’un inspecteur qui surréaliste qui lui s’avère parfaitement couillon et dont le processus de raisonnement est surtout facultatif !

Le regard d'Edmond St-Pierre se posa tour à tour sur chacun des membres de l'exécutif assis derrière l'immense table qui trônait dans la salle d'audience. Comme chaque fois, il avait l'impression que tout ce décorum avait été créé uniquement dans le but de satisfaire l'ego des élus municipaux et d'intimider ceux qui ne jouissaient pas du même statut. C'était le pouvoir exprimé dans toute sa splendeur, au parfum féodal et grandiloquent. Chacun ici se prenait pour un petit roi et entendait défendre farouchement les privilèges qui accompagnaient sa position. Et l'un de ces privilèges, c'était précisément de jouer aux inquisiteurs, alors que les grands serviteurs de la fonction publique venaient l'un après l'autre devant le comité exécutif pour rendre compte de leurs faits et gestes.

A peine vingt-quatre heures plus tôt, il était étendu sur un lit d'hôpital, et voilà qu'il fonçait avec enthousiasme là où le devoir l'appelait, avec l'intime conviction que la vérité et la justice finiraient toujours par l'emporter.
Il était vraiment con !

- Quel que soit ton chemin, souviens-toi toujours de cette règle fondamentale : Il en est des hommes comme des organisations : si on laisse la partie la plus vulnérable en nous prendre le dessus dans le feu de l'action ou au moment de prendre des décisions importantes, on court tout droit vers la catastrophe !