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Critique de Pecosa


Excellente bande dessinée sur les années de "pistolerismo" qui secouèrent la Catalogne dans les années 20, quand les anarchistes de la C.N.T. affrontaient le patronat.
Au scénario le romancier Juan Antonio de Blas (L'arbre de Guernica), et au dessin, Alfonso Font (Héloïse de Montfort). Aux manettes, l'opiniâtre journaliste Pere Marsé qui décide d'enquêter sur quatre cadavres trouvés dans le port de Barcelone au cours de l'été 1923. L'un des corps est celui d'un policier allemand à la solde du baron Koening. La nationalité de la victime va mener Marsé à Wilhem Canaris alors en poste en Espagne, et à un trafic d'armes qui implique les services secrets français et espagnols, la police et les anars de Durruti.
Barcelona al alba est une bande dessinée passionnante au graphisme réaliste, une plongée agitée dans le marigot bien nauséabond de l'espionnage international, avec en toile de fond Barcelone, des bas fonds aux docks et des docks aux quartiers huppés
Tout y est. Une intrigue complexe menée tambour battant. Un journaliste rebelle ami de Durruti bien introduit dans le milieu nationaliste catalan. Une situation sociale explosive marquée par les assassinats d'ouvriers et les coups d'éclat des militants anarchistes. Un contexte international particulièrement agité: l'Espagne est enlisée dans la guerre du Rif, la France en Syrie, le national socialisme allemand gagne de l'importance en Bavière etc ...
Max Fridman, l'agent secret de la série créée par Vittorio Giardino, parcourait l'Europe dans les années 30. Barcelona al alba fait de la capitale catalane un centre névralgique quinze années avant les aventures du rouquin intrépide. Le coup d'état de Primo de Rivera est imminent, l'avenir de l'Europe se joue à Barcelone en 1923.
On retrouve d'ailleurs dans la bande dessinée de Font et Blas les grandes figures qui vont marquer l'histoire de l'Espagne et de l'Europe. Canaris finira exécuté en 1945 à la suite de l'attentat manqué contre Hitler. Buenaventura Durruti, s'il n'est pas encore devenu le mythique combattant de la République, est la bête noire de la monarchie avec son groupe d'action Los Solidarios. Antonio Escobar, commandant de la guardia civil, ange gardien de Pere Marsé, deviendra général de l'armée républicaine (Voir L'Espoir de Malraux) et sera fusillé en 1940. Lluis Companys, autre ami du journaliste, figure majeure du nationalisme catalan, futur président de la Generalitat, sera livré à l'Espagne par la Gestapo et fusillé en 1940.

Dans la préface Blas écrit "Si, une fois l'oeuvre terminée, un lecteur se rendait à la bibliothèque pour en savoir un peu plus sur cette époque, je serais entièrement satisfait" (traduction Ma pomme). C'est chose faite, grâce aux patronymes mentionnés dans la genèse du personnage de Marsé. On redécouvre des parcours singuliers, celui du guerillero asturien Manuel Sanchez Noriega , "El Coritu", qui combattit au Mexique aux côtés de Villa et qui commanda une division de l'armée républicaine avant d'être exécuté en 1938, ou celui de Nestor Ivanovitch Makhno, fondateur de l'Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne (Voir Makhno et sa juive de Kessel). Des scénarii pareils et de nouvelles pistes de lecture, j'en veux bien tous les jours.
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