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Critique de clairejeanne


Prix de la nouvelle de l'Académie française (1982)

Il n'est pas que - très bon - romancier, J.M. Blas de Roblès, c'est aussi un excellent conteur ! Quelle belle découverte pour qui aime par dessus tout qu'on lui raconte des histoires, que cette série de nouvelles, toutes plus extraordinaires les unes que les autres !
L'écriture est très belle, simple et précise, chaque terme, chaque phrase, sonne juste ; le style est poétique et la rédaction évocatrice de lieux et de sentiments : l'auteur nous entraîne dans une farandole de mots remarquables et exquis, de noms de personnages, de ville et d'endroits qui font rêver... ou qui inquiètent : la Bretagne et ses tempêtes, un magasin parisien d'animaux empaillés ou une grotte sous-marine dans laquelle se niche un monstre luisant et noir tigré de bandes jaunes...

Bien sûr, la nouvelle qui donne son titre au livre est une petite merveille, étonnante, avec un suspens fantastique et une chute magistrale ; ce qu'a découvert le narrateur : " une suite de caractères chinois constituant un texte équivalent à une page pleine d'un de nos livres les plus épais" sur un seul grain de riz !
Mais les autres, toutes les autres, sont très réussies, aucune n'est à mettre de côté. Chaque lecteur.trice aura ses préférées certainement... Celle de Saint-Louis et de l'échiquier est vraiment remarquable, ainsi que celle du Reliquaire de Santorin et celle qui raconte l'histoire de l'amour éternel entre Callirohé et Acheloüs, pour ne citer que celles-là.

Un certain nombre de ces tout petits romans montrent l'intérêt très fort, et peut-être la crainte, qu'éprouve l'auteur pour les hallucinations, la perte de contrôle, le "tout n'est qu'illusion", les revenants et autres "folies"... Méfions-nous aussi de l'ivresse qui nous emmène sur des chemins qu'il vaudrait mieux éviter.

Pour qu'une nouvelle soit réussie, il faut donc que l'histoire, le début, le développement et la fin tiennent en peu de mots et il est impératif que la chute soit parfaite. Et notre auteur a ce don-là : traiter la fin, la dernière phrase, juste de quelques termes pour en quelque sorte, nous claquer la porte au nez... Tout à fait jubilatoire !

Premières phrases de la première nouvelle, L'illusionniste : " Voyez-vous, cher ami, la vie elle-même n'est qu'un artifice, une triviale manipulation de la réalité par un esprit toujours en quête de lui-même. Et j'insiste sur le mot, manipulation, à savoir quelque chose d'aussi éloigné du songe qu'une sculpture peut l'être du bloc informe dont elle est issue. Ou, si vous préférez, ce que nous appelons "notre destinée" se déroule selon le scénario que nous avons un jour tracé d'elle, consciemment ou non, ce canevas de l'être sur lequel viennent se broder les fils imprévisibles de l'existence humaine."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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