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Critique de nilebeh


(allusion au concerto pour la main gauche de Ravel)

Il y a vraiment de l'étrange dans l'air sibérien quand, juste avant l'hiver redoutable, un Français débarque à Mourava, village sibérien de soixante-treize habitants, perdu au milieu de la taïga, entre forêts de sapins et de bouleaux et zones quasi désertiques. La surprise est à son comble quand les villageois s'aperçoivent qu'un piano est laissé là, sur la grève, et que le bateau repart sur le Ienisseï vers Krasnoïarsk, à 1823 km au sud, soit quatre jours de navigation.

Ce Français, nommé Colin Cherbaud (Kolin cherbo désormais pour les Russes), frappe à la porte de Vladimir, le seul habitant de ce village qui ne se nourrit pas à la vodka. Il se trouve que Vladimir a des rêves de voyage et que, là où l'étranger veut s'arrêter avec son instrument, lui,il veut partir vers la ville. le voyage qui lui est refusé, faute d'argent, vient à lui sous les traits de ce petit homme réservé, à la tête bizarre qui lui a valu le cruel surnom de « Jivaro » dans son enfance tant elle évoque les traits hideux des têtes réduites. Mais Colin a un travail à faire : retrouver l'usage normal de sa main gauche qui, curieusement se crispe, se rétracte et prend des airs tétanisés dès qu'il joue le concerto n°2 de Rachmaninov. Se nouent alors des liens étranges, faits d'écoute et de respect, entre les deux solitaires. Progressivement le musicien qui n'a jamais pu faire carrière s'intègre dans la vie du village, y compris pour ce qui est du goût pour les boissons fortes... Vladimir le confie aux soins de la « sorcière » puis du guérisseur-hypnotiseur qui lui fait revivre ses vies antérieures et le miracle se produit : le village, la forêt, les halliers s'emplissent de musique et les accords puissants du concerto font vibrer l'air sibérien. Apparemment, Colin est prêt à prendre le bateau et à regagner l'Occident où, peut-être, l'attend enfin une carrière.

Ce livre émeut et sollicite l'imagination, nous nous attachons à la véracité des liens fraternels qui se créent entre humains abîmés par la vie, par des conditions difficiles, par des parents exigeants comme le fut la mère de Colin qui exigeait un troisième fils virtuose, après les deux premiers, architecte et médecin. Nous partons avec Vladimir, avec Colin, à travers la forêt marquée de petits repères pour ne pas se perdre, nous sourions attendris aux rencontres improbables avec des ours pacifiques qui se laissent soigner par l'homme venu de France pour jouer sa musique.

Certes la fin est un peu prévisible, mais l'idée du bonheur, par moments, fait quand même plaisir ! Il y a quelque de doux et d'heureux dans ce livre qui en fait une petite pause bien agréable !
Juste pour trouver à redire : je me demande bien comment le piano a résisté au voyage et résistera aux températures sibériennes, sans accordeur de surcroît !
Maintenant, je cours ressortir mon CD de Rachmaninov et vais écouter le concerto n°2 !

« Vous aimez la musique ? S'intéressa Colin.
Ceux qui peuvent s'en passer, à mon avis, ne sont pas dignes de notre espèce. Je prétends que les oreilles humaines sont faites pour écouter de la musique, que c'est là leur vraie destination. On les gâche si on les emploie à écouter les bruits du monde… »
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