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Critique de karmax211


"Roosevelt n'a pas la rigueur morale de sa femme Eleanor, ni sa sensibilité. Peut-être même n'avait-il pas ses capacités intellectuelles. Il n'a ni la fougue ni l'allégresse physiologique de Churchill. Il est moins charismatique qu'Hitler ou Mussolini, moins rusé que Staline. Il n'a pas l'impétuosité de De Gaulle. Néanmoins, il possède toutes ces qualités, même à un degré inférieur, et il en affiche d'autres qui, dans le contexte politique et géopolitique qui fut le sien, furent celles qu'il fallait déployer à ce moment-là et dans ces circonstances. Nous en avons déjà abondamment parlé, mais il n'est pas inutile de souligner une nouvelle fois ce qui fit sa grande force : outre sa volonté, un esprit de visionnaire capable de porter son regard sur un horizon lointain, des objectifs clairs et précis, et surtout une intelligence politique rare. On parle souvent du génie guerrier d'Alexandre, de Frédéric le Grand ou de Napoléon, plus rarement de génie politique. Comme un Richelieu ou un Bismarck avant lui, Roosevelt avait cette capacité à appréhender en un clin d'oeil une situation politique complexe, à fixer des objectifs, à convaincre son entourage de le suivre dans cette voie, enfin à transcender l'évènement pour poser les termes du futur. En un sens, Roosevelt incarne dans sa version moderne l'idéal de l'homme d'État qu'a dépeint pour l'éternité Thucydide."
Tel est le portrait que nous dresse de Franklin Delano Roosevelt l'historien Arnaud Blin, dont je dois la découverte à Babelio dans le cadre d'une opération Masse Critique Privilégiée.
Dans un essai publié par Archidoc et André Versaille, que je remercie, Arnaud Blin explique chronologiquement, didactiquement et accessiblement qui est ou qui fut Roosevelt, et comment cet homme réussit à force de ténacité, d'habileté, de conviction à faire entrer dans la seconde Guerre Mondiale un pays éminemment sociologiquement, historiquement et politiquement isolationniste, et "définitivement" verrouillé par la loi sur la neutralité, loi qui entravait toute velléité interventionniste.
L'essai s'ouvre sur les doutes qui assaillent Roosevelt en décembre 1941, sur le paradoxe, voire le dilemme de ce pacifiste qui se prépare à la guerre. Sur l'impatience trépidante de son ami Churchill qui, de l'autre côté de l'Atlantique, bouillonne face à l'attitude "attentiste" du président des États-Unis.
Le 7 décembre 1941 les Japonais déclenchent un raid surprise contre la base américaine de Pearl Harbor, détruisant une partie de la flotte du Pacifique étasunienne, faisant plus de 2400 victimes.
Peuple, Congrès et isolationnistes doivent s'incliner devant l'infamie : le géant est réveillé... la guerre est déclarée.
Cette histoire prend naissance le 30 janvier 1882 à Hyde Park avec celle de Franklin Delano Roosevelt.
Arnaud Blin déroule la vie du cousin de Theodore Roosevelt qui, comme lui, fit des études de droit à Harvard, comme lui fut ministre ou plutôt secrétaire à la Marine et comme lui fut élu Président des États-Unis... à la différence près que Franklin le fut quatre fois et exerça le pouvoir durant 12 ans, 11 mois et 8 jours... un record historique.
On découvre ou redécouvre l'enfance et la jeunesse dorée(s) de ce membre de l'upper class, sa rencontre avec celle qui allait devenir sa femme... mais surtout former avec lui un tandem politique indissociable malgré les écarts extraconjugaux de Frankin : Eleanor Roosevelt, dont Theodore est le frère de son père, donc son oncle.
On fait ou refait la connaissance de Louis Howe son fidèle bras droit et conseiller jusqu'en 1936.
Et tout au long de cet essai, biographie et analyse du cheminement politique et humain qui conduisit Roosevelt à faire entrer son pays dans la guerre, sont deux parallèles qui finissent par se rejoindre.
Tout le monde ou presque a entendu parler du New Deal, de la création de ce que nous appellerions la Sécurité Sociale, tout ce qui fait le mythe Rooseveltien. Moins fréquemment en revanche sont évoqués le Quarantine Speech ( Discours sur la Quarantaine ), le Lend Lease ( le Prêt-Bail ) ou les Fireside Chats ( les causeries au coin du feu... émissions radiophoniques suivies par des dizaines de millions d'Américains ).
Rarement est fait mention de l'amitié réelle entre Churchill et Roosevelt, de leurs rencontres en mer ou de leurs soirées près d'un feu de cheminée, agrémentées de cigares pour l'un, de cigarettes pour l'autre et d'un bon whisky pour les deux.
En un peu moins de 280 pages, lisibles par tous, vous saurez mieux comment Franklin Delano Roosevelt fit entrer son pays dans une guerre dont les États-Unis ne voulaient pas, comment également en y parvenant Roosevelt changea le cours de l'Histoire et fit de l'Amérique la superpuissance qu'elle ne serait jamais devenue sans cette grande figure du XXème siècle.
Un livre que je recommande à tout un chacun, mais plus encore aux lycéens qui préparent le bac... il m'aurait bien aidé en son temps.
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