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Critique de Gifbiblio


Dix ans après une tuerie dans son lycée alors qu'il avait 17 ans, Oliver Loving est toujours dans le coma. Sa famille a explosé après la tuerie : Jed, le père, s'est enfoncé dans une solitude alcoolisée ; Eve, la mère, ne vit plus que dans l'espoir de voir Oliver revenir à lui, négligeant Charlie, le fils qui lui reste. Ce dernier est parti vivre à New York afin de devenir écrivain : il espère exorciser la souffrance en couchant sur le papier l'histoire d'Oliver. Tous les espoirs semblent permis lorsqu'une IRM découvre des signes de conscience dans le cerveau d'Oliver. le jeune homme est-il toujours inconscient, ou bien prisonnier de son corps, souffrant d'un locked-in syndrome ? l'espoir permettra-t-il à la famille de se ressouder ?
Ce très beau roman alterne les points de vue ; les pensées des personnages sont livrées à la troisième personne, sauf pour Oliver, que le narrateur tutoie (ceci nous permet de remettre les choses en perspectives à la fin du roman…)
La poésie est très présente dans l'écriture, à travers notamment des métaphores liées au ciel : Oliver est tombé dans « un trou noir » ; le noir semble symboliser la mort, les étoiles la vie, Oliver étant dans un entre-deux. le combat d'Oliver entre la vie et la mort est omniprésent : il est « coupé en deux », « à cheval entre deux mondes ».
L'idée de la frontière prend aussi dans le roman une dimension géographique, car l'action est située non loin de la frontière entre le Texas et le Mexique : le roman évoque avec délicatesse mais insistance le drame des migrants fuyant les cartels, le racisme dont ils sont victimes aux Etats-Unis. Ils sont incarnés en la personne de Manuel Paz, très beau personnage de flic qui cherche à comprendre la cause du drame, afin de calmer la haine des habitants vis-à-vis de sa communauté, dont est issu le tueur.
Un autre thème prédominant du roman est la communication : chacun se reproche les mots malencontreux qu'il a dits, ou ceux qu'il a tus, les secrets terribles qu'il aurait dû dévoiler. Tous semblent persuadés que la catastrophe aurait pu être évitée s'ils avaient su parler ou écouter au bon moment.
Et bien sûr, le roman pose la question de l'acharnement thérapeutique et de la difficulté de faire le deuil d'un enfant : est-il juste de laisser Oliver dans le coma depuis 10 ans ?
C'est un roman magnifique et bouleversant, qui ne verse jamais dans le pathos, mais restera longtemps dans mon coeur. Un grand bravo à Marina Boraso, qui a su traduire en français la beauté de l'écriture. Florence
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