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Citations sur La vérité nue (37)

Avant tout, les peurs dictées seulement par l’ignorance seraient dissipées grâce à l’explication naturelle de tous ces états de choses qui avaient été l’occasion d’angoisses indéterminées. À un niveau extrême, un tenant allemand des Lumières, Hermann Samuel Reimarus, avait interprété l’état d’esprit des disciples de Jésus après sa mort sur la croix en expliquant qu’ils avaient propagé l’affirmation de sa résurrection non seulement pour asseoir leur influence et la vie de leur communauté, mais aussi parce qu’ils avaient besoin de la consolation de pareille certitude, et qu’ils avaient donc envie de croire à leur proclamation.
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Ceux qui, tels ces maîtres français de l’examen des âmes, ne voient dans la vertu qu’une image trompeuse brandie par les passions comme un miroir au nom duquel on s’imagine pouvoir faire en toute impunité ce que l’on désire de toute façon4 participent à une compétition de tir où l’on ne peut qu’atteindre le cœur noir de la cible – mais c’est « le noir de la nature humaine5 ».
Tout cela se poursuit par un « Nonobstant » rétif6. L’humanité doit ainsi tolérer en elle les embarras de sa part psychologique et les remarquer chez les autres, mais Nietzsche a cependant considéré de suffisamment près, au préalable, la position judiciaire de cet observateur, pour que son lecteur ne puisse pas oublier cette réserve : c’est bien au cœur de la nature humaine qu’on touche et c’est là qu’on blesse, pour finir enfin par frapper à coups de hache les racines de ses besoins métaphysiques : « […] un spectateur qui est guidé par l’amour des hommes et non par l’esprit de la science finira par maudire cet art qui semble inculquer aux âmes la tendance à rapetisser et à suspecter l’homme.»
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il faut revenir sur le fait que nous soyons « tous » nus ; en fin de compte, certains sont favorisés et, dans leur cas, la métaphore ne suffit plus, ils proviennent de la fable : « Ceux qui aujourd’hui sont le plus chaudement vêtus, ce sont les loups qui se déguisent en agneaux. Eux ne sont pas à plaindre. Ils ont le vêtement qui convient. » Il n’y a de cinquième pas que si l’on rajoute la moralité, l’unanimité des deux interlocuteurs qui préfèrent avoir froid : « Nous ne voulons plus de fourrures, ni les nôtres ni celles d’autres espèces. Nous préférons conserver notre désert de glace et son confort. » Ce qui est dit, la mention expresse en est faite, avec un regard tourné vers le radiateur du chauffage central où la vapeur d’eau s’égoutte dans des récipients de tôle. En revenir à l’horizon métaphorique est une réussite : on préfère, certes, geler, pour éviter d’être un loup déguisé en agneau, mais le confort du chauffage ne connaît pas d’accident fatal.
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La fonction thérapeutique fut le véhicule d’une mise à nu théorique sans précédent de l’homme ; elle le laissa démuni face à l’humiliation d’une quelconque volonté d’affirmer son statut dans le monde, et face à la destruction de la métaphysique qui allait en quelque sorte de pair avec elle. On pourra distinguer trois domaines principaux dans lesquels l’acceptation métaphorique initiale du vêtement, du voilement et du déguisement conduit à la possibilité d’attitudes destructrices correspondantes : lever les entraves à l’accès, à la vue et à la saisie, et faire passer ce qui chaque fois subsiste pour mis à nu, démasqué, sincère et, pour finir, vrai. La vérité est donc toujours le négatif de ce qui l’avait auparavant écartée et inhibée.
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« Même quand l’homme a refoulé dans l’inconscient ses motions mauvaises et voudrait alors se dire qu’il n’en est pas responsable, il est tout de même contraint de ressentir cette responsabilité comme un sentiment de culpabilité dont le fondement lui est inconnu.»
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Si le rêve est la réalisation d’un désir secret, il l’est de façon dissimulée par rapport à celui qui avait désiré, et sans la nécessité que celui qui désire soit au courant de la réalisation. Il réalise un de ses désirs sans le risque que représente sa réalisation, comme le noctambule pour qui il est préférable de ne pas apprendre la vérité sur son excursion. Or c’est justement en raison de cette logique liée au voilement-dévoilement que le biographe doit critiquer le maître : « En un point, Freud s’est trompé quand il a enseigné que tout rêve était la réalisation d’un désir . »
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En tant qu’exercice de cet art, qui est enseigné et qu’on peut apprendre, la rhétorique ne peut être honnête en admettant que son but est la tromperie, parce qu’elle serait alors contrainte de rendre inaccessible sa finalité dès qu’elle la reconnaîtrait telle. Aussi s’applique à elle précisément l’objection qui était faite à l’art : « Elle ne veut nullement exprimer la subjectivité, mais répondre à un certain idéal du sujet, à l’homme politique puissant, etc., tel que le peuple se l’imagine. »
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Pour concevoir ce qu’est et ce que peut être un monde sans la science, un monde d’avant la théorie, il faut l’imaginer sans l’ombre de Socrate. C’est un monde qui a le droit de se déguiser ou, pour le dire de manière mythologique : le droit aux métamorphoses. Ainsi les Grecs sont-ils le pendant de tous les réalistes qui, dans tout voilement, ne voient qu’une provocation à la mise à nu ; dans toute extériorité, que le fil conducteur vers une intériorité ; dans tout premier plan, qu’une référence à l’arrière-plan. Et nous nous y reconnaissons sans le moindre doute.
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Il n’y a pas d’amour de la vérité. Ce qu’on imagine y trouver et ce qu’on en attend se révèle être seulement comme une sorte de succédané qui inhibe un rapport imaginaire au monde, donc comme un succédané tant de la métaphore que de l’art : « Regarder froidement les choses de telle manière qu’elles gisent là sans nappage ni couleurs – voilà ce qu’on appelle “amour de la vérité”, or c’est simplement l’incapacité de mentir. »
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L’art qui permet d’acquiescer à la vie en dépit de la laideur de la vérité est, en tant qu’il est autonome, l’ultime réalité métaphysique à la fin de la métaphysique. Il n’est plus une manière de voiler ce qui est insupportable. Il anticipe ainsi quelque chose qui n’existe pas encore. Mais il faut néanmoins qu’il puisse y avoir quelque chose qui existe comme la condition d’accessibilité de quelque chose d’autre.
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