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Critique de moustafette


Je poursuis mes promenades littéraires dans les Balkans. Cette fois, c'est en compagnie de Stanislav Dugi, vieux professeur de littérature, en deuil d'une épouse assez fantasque. Celle à qui il vouait un amour indéfectible s'en est allée emportant avec elle son mystère. Mariés depuis trente ans, Višnja a toujours été une épouse aimante et attentive malgré leur différence d'âge, elle n'exigeait qu'une chose, s'octroyer, une fois l'an, une semaine de liberté dont Stanislav ne saurait rien. Taraudé par la jalousie, il se plie malgré tout à ce "caprice". Seul témoin de ces escapades, le collier qui orne le cou De Višnja et dont elle ne se sépare jamais, un collier de pierres multicolores dont le nombre varie au gré de... on ne sait trop quoi.

Lorsque la mort s'en vient ravir la belle, elle laisse un Stanislav désemparé face à l'absence et à ses questionnements définitivement sans réponse. L'écriture sera sa planche de salut. Égrainant le fameux collier tel un chapelet, l'imagination le porte une dernière fois vers son épouse. Sous forme de fictions à peine déguisées, il invente pour chaque pierre un fragment de possible et, telles des perles qu'on enfile, il aligne sur le lien de son récit des fantasmes colorés qui viennent donner du sens au mystère et combler l'inconnu.

Le roman s'ouvre sur le décès du professeur trois mois après celui de sa femme Il laisse en héritage un manuscrit dans lequel se mêlent aux éléments autobiographiques de courtes nouvelles aux tonalités variées. Une pour chaque pierre qui, il n'en doute pas, a été offerte par un amant. En préambule, un petit aparté nous renseigne sur la couleur, l'origine, le symbolisme, la mythologie, les pouvoirs et les bienfaits de ces pierres semi-précieuses. A charge pour Balaban, l'assistant de recherche du professeur Dugi, de gérer cet héritage littéraire et de nous livrer une chute réjouissante !

Une couverture pour le moins originale, un sujet traité de façon inattendue, entre légèreté et fatalisme, des fictions dans la fiction, un petit traité de lithothérapie, un style tour à tour gouailleur, trivial, pudique, poétique. Un petit bijou qui s'inscrit bien dans l'originalité de la littérature balkanique moderne. Une coquette et pétillante digression qui réhabilite ce sentiment mal aimé qu'est la jalousie !

Un grand bravo à l'illustratrice JULIA DASIC dont une de ses Vénus callipyges orne la couverture du roman. Je vous invite à découvrir son univers peuplé d'Odalisques, de créatures éthérées ou inquiétantes, femmes organiques ou fantastiques, "sirènes névrosées", sur son site (adresse sur le blog).
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