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Critique de Woland


Figure très controversée et haïe même par ses pairs de son vivant, Andrew Warhola, dit Andy Warhol, n'en demeure pas moins l'un des artistes-clefs du XXème siècle. Simplement, il ne faut pas se laisser aveugler par le rapport vraiment étrange que cet homme qui, d'instinct, savait si bien aller à l'essentiel d'une image ou d'un visage, entretint toute sa vie avec le "Paraître."

C'est dans l'enfance peu aisée du petit Andrew - il été né le 6 août 1928 à Pittsburgh, dans un milieu d'ouvriers tchèques immigrés - que l'on doit chercher la clef de son avidité envers l'argent et la reconnaissance sociale que celui-ci apporte. Tout comme c'est dans sa sexualité souvent volontairement brimée - parce qu'il redoutait de souffrir et se voulait toujours "en-dehors", extérieur aux autres, y compris à ses amants - que gît l'extraordinaire qualité de la plupart de ses toiles - si l'on excepte les commandes qu'il qualifiait lui-même d'"alimentaires" et assurait "haïr : pour Warhol, bien souvent, le travail remplaça la sexualité, surtout quand il eut compris que réprimer l'une donnait plus de puissance à l'autre.

Qu'avons-nous retenu d'Andy Warhol ? En général l'image d'une petite silhouette maigrichonne, vêtue de noir, avec une tête et des yeux d'albinos, que surmonte un incroyable toupet de cheveux artificiels, le plus souvent platine ou blancs. Des noms de produits typiquement américains : Coca-Cola, Campbell Soup, Brillo, etc ... Une succession de visages sérigraphiés : Marilyn Monroe (la première), Liz Taylor mais aussi Elvis Presley, Mick Jagger, et tant d'autres ... Des histoires de souffre et de drogue avec les films de Paul Morrissey et les hôtes scandaleux de la première Factory. Des morts aussi : des drogués qui se jettent par la fenêtre ou qui meurent dans leurs vomissements mais qui, tous, ont vécu dans l'entourage de Warhol et que celui-ci a dignifiés, statufiés (exploités, pressés comme des citrons, dira-t-on aussi), peints, filmés, enregistrés pour la postérité. Un entassement de collections inimaginables dans l'appartement de la 66ème Rue qui fut le dernier occupé par Warhol. Une légende de clinquant et de luxe outrancier assortie d'un mot qui fera le tour du monde - et qui a encore de beaux jours devant lui : "Dans le futur, tout le monde aura droit à son quart d'heure de célébrité."

Et pourtant, Andy Warhol fut aussi un bébé joufflu, un jeune homme assez rondouillard et, plus tard, un homme disposant d'une séduction physique dont il douta toujours. S'il portait toujours une perruque, c'est qu'il ne supportait pas sa calvitie. Bien loin de peindre dans la facilité, c'était un bourreau de travail et un artiste consciencieux. Rejeté par le gratin artistique new-yorkais sous prétexte qu'il venait de la publicité, lui - qui ne pouvait supporter l'idée même de rejet - se vengea en imposant à ceux qui l'avaient hué un art beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air mais qui, parce qu'il tire certaines de ses caractéristiques du monde de la publicité, évoque au profane ou au "beauf" l'idée d'une fausse superficialité. Quand on revoit aujourd'hui les films qu'il tourna et fit tourner, on retrouve là encore un même désir de solidité et de profondeur. de son incursion dans le milieu musical, il reste le "Velvet Underground", la voix de Nico et, bien sûr, Lou Reed.

Bref, à l'image de ses sérigraphies, qui représentent en principe un seul et même visage et dont pourtant, du fait de la distorsion obtenue par les multiples utilisations de l'écran de soie, aucun ne ressemble au précédent, Andy Warhol était un artiste complexe et bien éloigné de l'image - néantissime, il faut bien l'avouer - que, dans une ultime pirouette et peut-être pour éviter un rejet ultime, ce grand timide chercha à donner de lui-même. ;o)
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