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Critique de Alfaric


J'avais adoré la fantasy mésoaméricaine d'Aliette de Bodard avec le cycle des "Chroniques Aztèques" et Acatl son prêtre enquêteur (série bloquée par Panini qui ne sait pas quoi faire de la manne financière des amenée par les stickers de footballeurs mais plus radin qu'eux tu meurs, mais qui demande un pognon de dingue pour que les auteurs récupèrent les droits des séries qu'ils ont abandonnées), or si le pitch de "La Chute de la Maison aux Flèches d'Argent" est séduisant j'ai vraiment eu du mal à rentrer dedans avant la dernière partie du roman qui elle remonte bien le niveau de l'ensemble…

- Il y a un dimension post-apocalyptique puisque que l'historie se déroule en 1974 soixante années après la Grande Guerre Magique qui a débuté en 1914 et dont le monde ne s'est jamais remis, car les guildes de magiciens de tous les pays se sent méchamment foutues sur la gueule et c'est l'Europe toute entière qui a été dévastée avec des conséquences irrémédiables pour l'environnement à cause des pollutions magiques qui en ont résulté… Là où le bât blesse c'est que l'Histoire nous a prouvé que n'importe quel peuple frappé par une catastrophe finit par se relever, et souvent plus vite qu'on ne le croit, or ici plusieurs décennies après l'Apocalypse on en est encore à piller les grands magasins parisiens et à voler le voisin d'à côté pour survivre plus longtemps que lui : ce manque d'imagination est malheureusement typique des littératures de l'imaginaire yankee, qui sont persuadé qu'en dehors de la civilisation consumériste il n'y a point de salut…

- Il y a toute une dimension uchronique puisque les mythes et légendes sont une réalité pour chaque civilisation qui les ont utilisée comme des instruments de pouvoirs au service des nations du monde entier (les quelques pages sur les magies exotiques sont fascinantes et ont se demande pourquoi l'auteure a volontairement laissée de coté toutes ses bonnes idées)… C'est l'Occident qui une fois de plus a fini par s'imposer, non grâce au christianisme mais grâce aux anges déchus qui amnésiques et aptères tombent du ciel à intervalles réguliers et ces créatures de pure magie sont traquées sans pitié par les contrebandiers pour transformer chaque morceau de leurs corps en artefacts, reliques ou ingrédients alchimiques en sachant que plus ils sont jeunes et plus il sont puissants ! Mais ces derniers se sont organisés pour prendre le contrôle de la société avant de se lancer à la conquête du monde entier, car leur supériorité en sciences magiques

- Il y a une dimension politique assumée par l'auteure qui a de la suite dans les idées, puisqu'on suit principalement les états d'âmes d'un Vietnamien engagé de force dans la Première Guerre Magique et qui après la mort de ses compagnons d'armes aimerait enfin rentrer chez lui (plongé dans ses souvenirs idéalisés du passé il râle et se pleurniche, mais franchement il ne fait pas grand-chose pour y parvenir)… Car il a survécu là où les autres sont morts car il s'agit d'un Immortel banni de la Cour Céleste dont la magie exotique attire la curiosité voire la convoitise des anges et des alchimistes des différentes guildes parisiennes… IRL on a construit jusqu'à 5 monuments aux morts dans le moindre patelin de France et de Navarre, mais on a déboursé un radis pour rapatrié chez eux les soldats africains et asiatiques : c'est cela aussi l'impérialisme et le suprématisme, le colonialisme et le racisme !

Tout cela est très intéressant, sauf que le worldbuiling est survolé donc peu ou pas exploité, que le magicbuilding est survolé donc peu ou pas exploité et que le relationship drama tourne en rond puisqu'il est centré sur Philippe / Pham van Minh Khiet qui ne veut pas qu'on découvre son passé, sur Emmanuelle qui fait tout pour oublier son passé et sur l'ange déchue Isabelle qui amnésique n'a aucun passé… Pire on pose l'ambiance et on s'attarde longuement sur les très nombreux états d'âme des uns et des autres, mais le Paris post-apo semble se limiter à la Seine, à l'Île de Cité et à la cathédrale Notre-Dame tandis que le siège de la Maison aux Flèches d'Argent où tout semble se dérouler semble se limiter à une aile ouest, une aile est et à un ensemble de souterrains. Tout tourne autour des maisons majeures et des maison mineures, les guildes de magie qui se sont transformer en gangs voire en tribus, mais on ne sait presque rien de leurs territoires, de leurs hiérarchies, de leurs organisations, de leurs objectifs, de leurs fonctionnements ou de leurs us et coutumes et on n'en sait pas plus sur l'équilibre des forces au sein de la capitale (c'est tout juste si on explique que la Maison aux Flèches d'Argent autrefois dirigée par Etoile-du-Matin est en déclin bien qu'il ait passé la main à la magicienne Sélène, et que la Maison Aubépine aujourd'hui dirigée par Asmodée est en train de s'élever).
On est entre le polar et le récit d'apprentissage, puisque tandis que Philippe et Isabelle apprenne à s'intégrer dans la Maison aux Flèches d'Argent c'est sous les ordres de la magicienne Sélène que l'alchimiste Emmanuelle toxicomane enquête sur l'épidémie de morts mystérieuses qui semblent frapper l'ensemble de ses informateurs… Ces derniers étant souvent agents doubles, une réunion rassemble les chefs de guildes mais les meurtres ne s'arrêtent pas pour autant ce qui met de l'huile sur le feu et pas qu'un peu, mais certaines rivaux semblent ne pas être surpris du tout par la mauvaise tournure des événements (pire semble l'anticiper et l'accompagner), et on cherche dans un huis-clos fantastique la créature tueuse (esprit vengeur ou monstre mythologique ? l'un comme l'autre semble lié à la disparition d'Etoile-du-matin 10 ans auparavant)… Sauf que les 3 personnages principaux font l'aller-retour entre Paris et Notre-Dame en mode le loup, la chèvre et le chou, et qu'il faut attendre qu'Isabelle parte en guerre avec les ailes de fer de Lucifer pour que le souffle épique fasse enfin son apparition. La fin est bien, mais que ce fut long et lent avant d'y parvenir : je vais lire la suite, mais pas tout de suite ^^

PS : quitte à faire du LGBT, puisqu'on a des couples gays et lesbiens en veux-tu en voilà, et bien autant y aller à fond pour raconter quelque chose d'intéressant avec :
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