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Critique de jonatjackson


Tout d'abord, je tenais à remercier Babelio pour m'avoir choisi lors de la dernière opération Masse critique et aux Nesti Veqnen Editions pour la proposition de cette ouvrage. Je remercie également Chrystelle Camus qui dirige la collection Fractales/Fantasy pour son petit mot lors de la remise du livre et à l'auteur pour avoir terminé et publié un récit de bonne qualité.
Je ressors de cette lecture avec un bon sentiment. Il faut féliciter l'auteur pour son travail de recherche historique indispensable pour faire naître un roman de cet acabit. Ayant un nom de famille russe, cette lecture possédait un côté peut-être un peu plus intime et par conséquent, j'attendais le récit au tournant. Je n'étais pas très au fait de l'Histoire de la Russie du Moyen-Âge, ce livre m'a donc offert cette possibilité de mieux connaître et de comprendre la situation de l'époque. le fait que l'histoire s'inscrive dans un style historico-fantasy n'était pas pour me déplaire, au contraire. Féru de littérature Fantasy, j'avais donc des attentes supplémentaires. J'ai vraiment apprécié ce récit, mais je serai plus nuancé que les autres critiques qui furent dithyrambiques. J'espère que mes contrariétés et mes interrogations seront, au même titre que mes points positifs, compréhensibles.
Tout d'abord, il faut féliciter les éditions pour l'objet livre. Il est de bonne facture et l'illustration de la couverture est d'une grande qualité, promesse d'une aventure épique tintée de grisaille et de magie.
L'Histoire dans l'histoire est bien délimitée, se focalisant sur les derniers jours de Vladimir Soleil Clair, Prince de Kiev et premier grand dirigeant slave à avoir adopté la religion catholique (orthodoxe) en Russie. Une époque de héros comme Ilya de Mourom, le Libérateur de Tchernigov. Une période charnière pour l'Histoire de tout un peuple ayant toujours vécu dans les croyances du paganisme et des anciennes divinités. L'on peut ressentir au travers de diverses pages que tous n'ont pas encore vraiment intégrés ce principe de nouvelle religion, basée sur un Dieu d'amour, alors que dans l'aristocratie elle est désormais considérée comme seule vraie croyance. Comme mentionné plus haut, il faut louer le travail de recherche de l'auteur qui a réussi à créer un récit sur fond historique véridique. le fait d'avoir écrit un livre historique et Fantasy dans un contexte différent est également un point fort du livre. Même si on s'emmêle parfois les pinceaux avec les noms des uns et des autres au début, il est appréciable de visiter d'autres contrées trop délaissées par les auteurs francophones et anglo-saxons, alors que les autres rivages qui entourent la vieille Europe fourmillent de millions de récits et de légendes.
Il y a de la fluidité dans ce texte, avec parfois une certaine poésie, permettant ainsi une lecture rapide et agréable. Certains chapitres sont même empreints d'une grande émotion, le côté magie donnant une dimension supérieure lors de la lecture (quand Ilya retrouve son père ou encore le dernier chapitre avec la libération de Nadejda). Les voyages à travers la steppe ou aux confins de la Russie imprégnèrent mon esprit de centaines d'images pour donner vie à cette course que s'impose Ilya pour retrouver Nadejda.
La psychologie, bien collée à celle de l'époque, des personnages, aussi bien secondaires que principaux, était également un point fort. Goriaser fut une belle réussite, tout comme Sviatopolk et ses intrigues (je pense également au chapitre om il est seul dans sa chambre et où la folie le prend, ou son comportement avec sa soeur). Iaroslav et les princesses sont eux aussi à leur manière de belles réussites. Ilya reste cependant au-dessus du lot à mon goût.
La présence de personnages fantastiques comme le géant Sviatogor ou les sympathiques Vadianoï apportent cette part de Fantasy et de magie du monde ancien toujours présent malgré l'arrivée du christianisme. Mais grand consommateur de Fantasy que je suis, j'en aurai voulu encore plus, mais malgré tout, le récit reste principalement historique donc il fallait distiller la Fantasy avec parcimonie.
Des points m'ont cependant dérangé. Je pense notamment à la relation en Ilya de Mourom et Eroulsan fils d'Erouslan. Je n'y ai jamais adhéré. Des informations distribuées à des moments douteux, des prises de conscience alors qu'elles auraient pu être faites bien avant par simple déduction. Je n'ai jamais ressenti Erouslan proche d'Ilya de quelque façon que ce soit. Erouslan et son rôle furent toujours flous. Il servait dans l'armée de Sviatopolk, on ne sait pas s'il est Bogatyr ou non, puis il revient chez son maître qui l'avait emprisonné comme s'il était un étranger voulant se mettre à son service. Certaines de ses actions sont floues également comme avec les servantes dans son lit au réveil. Je ne sais si je n'ai pas adhéré au personnage ou à son utilisation dans le récit.
J'aurai également apprécie de petits chapitres relatant les grandes victoires ou les combats d'Ilya contre les démons ou les tatars. On parle beaucoup de sa renommée mais on ne sait pas comment il l'a obtenue, ni comment il a réussi à rentrer au sein des trente preux.
La grande bataille de fin, même si elle est plutôt bien écrite, est trop courte à mon goût. L'auteur aurait largement pu rendre ça plus épique. C'est comme si l'auteur voulait éviter les scènes de combat, comme un malaise avec l'exercice (c'est l'impression donnée). La fin du chapitre de la bataille était bâclée à mon sens et ne rendait pas hommage au héros de Tchernigov. Une déception renforcée par cette idée que dans les derniers chapitres, beaucoup de personnages ayant contribués à l'ensemble du récit disparaissent purement et simplement. On connaît le sort de certains mais cela est passé comme une anecdote au milieu de la conclusion. C'est frustrant. Il y aurait fallu, à mon sens, un épilogue pour les personnages restants (les princesses, Sviatopolk, Goriaser, Anastase…), ne serais-ce que pour essayer d'effacer cette impression de fin bâclée. La présence Tatar est également bâclée. Une telle culture aurait pu mieux figurer dans le récit et leur nombre (les Tatars comptaient plusieurs dizaines de milliers de combattants une fois les clans réunis) lors du combat final n'est pas mis en avant.
Suite aux remarques faites, je pense que le récit aurait pu bénéficier d'une centaine de pages en plus pour étoffer le très bon travail déjà présent.
En résumé, une ballade épique à dos de cheval en quête de Nadejda avec des héros d'un autre temps, dans des contrées peu connues et le tout teinté de magie et d'intrigues politiques. La recette a de quoi plaire aux amateurs d'Histoire et de Fantasy Heroic. Même si j'ai émis certaines réserves et doutes sur des moments bien particuliers, je recommande ce livre pour les mordus d'aventures en quête d'autres horizons hors des sentiers battus. Je lirai volontiers d'autres ouvrages de l'auteur à l'avenir.

Lien : https://evasionimaginaire.wo..
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