J'avais été séduite par l'humour absurde et les jeux de mots irrésistibles des "feux de l'armure". Après cette lecture, je m'étais demandée ce que valait l'auteur dans un registre non humoristique. "
Nadejda" m'offre la plus belle des réponses. Si la plume d'
Olivier Boile faisait mouche dans le registre de la comédie, elle fait aussi des merveilles dans celui de la fantasy historique.
Je ne suis pas du tout connaisseuse en matière de fantasy, j'ai, à mon grand regret, beaucoup de lacunes dans ce domaine, je manque donc de références pour faire des comparaisons. Mais il me semble tout de même que le contexte choisi par
Olivier Boile pour son roman est original. Quelle bonne idée que de plonger le lecteur dans la richesse de l'Histoire et du folklore russe du moyen-âge ! D'autant plus que le roman est historiquement très documenté.
En plaçant son récit au début du 11ème siècle, l'auteur évoque une période charnière très intéressante. La Russie est christianisée depuis peu. Cohabitent alors nouvelle religion monothéiste et anciens cultes païens, ce qui permet à
Olivier Boile de créer un monde à la fois proche de nous par une grande crédibilité et à la fois totalement merveilleux par l'incursion des éléments fantasy. Merveilleux est le bon mot pour évoquer ces éléments qui font de "
Nadejda" un roman fantasy et non un roman historique. Grâce à une plume élégante, subtile et vive, une vraie poésie habite le récit. Comment ne pas être émerveillé par Sviatogor, le géant des monts sacrés ou par un cours d'eau personnifié qui vit et parle ?
L'intrigue de "
Nadejda" est solide, bien menée. On retrouve l'histoire classique d'une lutte de pouvoir pour accéder au trône ainsi que des personnages animés par la soif de vengeance ou une quête personnelle. Tout est si bien fait qu'on n'a jamais de sentiment de déjà vu. "
Nadejda" est palpitant de bout en bout. Les rencontres et les péripéties s'enchaînent à un rythme soutenu et offrent de très beaux moments.
Le roman est peuplé de très beaux personnages. En 1er lieu, bien sûr, Ilya, guerrier au grand coeur, brave et loyal mais aussi très sanguin et brutal est un héros très charismatique auquel on s'attache très vite. Ilya est à l'image du monde dans lequel il évolue. S'il est chrétien, il adhère toujours aussi aux anciennes croyances, il parle à la Nature, il prie les anciens dieux autant que le nouveau. Il est un homme à cheval sur 2 mondes.
Erouslan, l'autre personnage majeur du roman, est plus ambivalent mais il est très intéressant. Complexe et torturé, il suscite chez le lecteur tour à tour admiration, empathie et colère.
Le méchant de l'histoire, Sviatopolk le maudit, est très bien campé. Vil, prêt à tout pour nourrir son ambition de pouvoir, il remplit très bien son rôle dans le récit. J'ai adoré le détester.
Son homme de main, Goriaser, est un des personnages que j'ai le plus aimé et qui m'a le plus émue malgré sa brutalité. Je vous laisse découvrir pourquoi.
Chaque personnage secondaire est bien dessiné, même lorsqu'il n'apparait que très peu. Zlatygorka et Roksana, les fières guerrières des steppes, Bloud et Mironeg, les nobles bogatyrs, Predslava et Boleslava, les princesses à forte personnalité... j'aurais voulu passer plus de temps avec chacun de ces personnages tant ils sont intéressants et riches malgré la brièveté de leurs apparitions.
C'est d'ailleurs le seul petit bémol qui vient nuancer mon enthousiasme. "
Nadejda" est trop court, j'en aurais bien pris pour une centaine de pages de plus. Enfin, ce défaut n'en est pas vraiment un. C'est bien parce que je me suis régalée que j'aurais aimé que ce soit plus long.
"Nadjda" est un roman superbe, une aventure épique qui procure de l'émerveillement et de belles émotions.