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Critique de cmpf




Dans les années 60, les enfants réunionnais vivant dans des familles pauvres sont nombreux. En métropole des départements essentiellement ruraux connaissent la désertification. Pourquoi ne pas déplacer ces enfants pauvres dans les régions abandonnées ? C'est la brillante idée de Michel Debré qui jamais ne reconnaîtra avoir eu tort ou avoir mal agi.
On organise donc le transfert pour ne pas dire la déportation de plus de 2000 enfants de la Réunion vers les départements désertés. Pour convaincre les parents on leur fait miroiter un avenir plus brillant pour leurs enfants qui bien sûr reviendront les voir aux vacances. Une fois la signature ou l'empreinte du pouce obtenue, les enfants sont kidnappés et installés dans un foyer sans jamais être consultés ou mêmes seulement avertis. Puis ils s'envolent vers un autre foyer à Guéret, où des familles viennent les chercher. Certains chanceux seront adoptés, d'autres surtout des garçons, sont placés en famille d'accueil dans des fermes où ils sont corvéables à merci et ne vont jamais à l'école. Des assistantes sociales visitent bien les familles mais comme leur venue est programmée il est facile de faire croire que les enfants vivent dans de bonne conditions. D'ailleurs ce n'est pas leur intérêt de faire des histoires. Les fratries sont toujours séparées pour “favoriser l'intégration”.
Il faudra longtemps pour que cette histoire soit connue et que les députés reconnaissent que l'Etat a mal agi mais sans qu'aucune demande d'indemnisation aboutisse.
Les victimes sont bien sur les enfants déportés mais aussi les familles adoptives dont toutes ne sont pas maltraitantes, les familles d'origines frustrées de leurs enfants et dont les regrets n'ont aucun pouvoir. Mêmes certains enfants restés sur l'île et qui ne comprennent pas que les enfants exilés puissent se plaindre.

Quelques romans ou documentaires font état de cette infamie, dont ce roman d'Ariane Bois qui raconte à travers l'histoire de Pauline, séparée de sa soeur Clémence, les différents destins de ces enfants volés, dont certains comme celui de Gaëtan sont dramatiques. Ces événements ont eu des répercussions sur la génération suivante Telle Caroline qui permet à sa mère Pauline de renouer avec un passé qu'on lui a caché et dont elle ne veut plus se rappeler.

Un roman court et très prenant que je recommande.
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