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Critique de MarianneL


«À la fin de la première guerre mondiale, vers 1917, l'État-major français décide de planifier une réplique de Paris et de ses environs destinée à duper les aviateurs allemands susceptibles de venir bombarder l'agglomération parisienne.»

Dans une dérive psycho géographique sur les traces de ce projet fascinant, à peine édifié du fait de l'armistice, Xavier Boissel fonde une rêverie philosophique sur l'imaginaire des traces de ce faux Paris, dont l'histoire semble elle-même être un leurre, sur le leurre dans la guerre, et sur un Paris capitale-vitrifiée, devenue aujourd'hui simulacre du réel.

Lors des premiers bombardements aériens sur Paris en 1915, les parisiens n'eurent pas peur. Ils installèrent des chaises et louèrent des longues-vues sur la Butte Montmartre, pour attendre l'apparition quotidienne dans le ciel des Taubes, les premiers avions militaires allemands, comme si le lâcher de bombes était un divertissement.

Mais rapidement les avions évoluèrent, la guerre aérienne devint beaucoup plus offensive, et les militaires français conçurent ce projet fascinant d'édifier un faux Paris pour tromper l'aviation allemande. La tradition du leurre dans la guerre est bien sûr très ancienne, et Xavier Boissel nous en rappelle les épisodes les plus fascinants, du cheval de Troie aux chars gonflables irakiens pendant la guerre du Golfe ; mais ce projet-ci semble être l'enfance du leurre, par son inachèvement, son caractère utopique, un projet d'avant l'âge de raison.

Suivant le fil ténu de vestiges incertains, au hasard des trouvailles sur le bord du chemin, de son imagination et de son érudition, Xavier Boissel établit des correspondances passionnantes sur le réel et son double, en particulier avec le parcours de l'ingénieur Fernand Jacopozzi.
Jacopozzi fut en charge des plans et des lumières de ce faux Paris, et devint plus tard illuminateur de la Tour Eiffel et des grands magasins, dissimulés par ses créations sous des milliers d'ampoules publicitaires.

Autour de la figure de ce mage de la lumière, explorant cette relation trouble entre réalité et fiction, Xavier Boissel passionne, et ouvre «les possibilités d'un éveil encore chevillé au rêve».
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