AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


A l'heure où les études antiques étaient menacées par des bobos hispters persuadés que les vieux et les morts n'avaient plus leur place dans le monde moderne compétitif (sic), le regretté Gilles Chaillet s'était lancé dans une entreprise démesurée : sur le modèle de l'oeuvre de Denys d'Halicarnasse, réaliser l'histoire totale de la ville éternelle d'Enée à Mussolini ! Cet amoureux de l'Histoire, de l'Antiquité et de Rome en particulier, nous a malheureusement quitté trop tôt pour l'accomplir… Et c'est les éditions Glénat, décidément portées sur l'Histoire ces temps-ci, qui ont confié la tâche à l'expérimenté trio Eric Adam, Pierre Boisserie et Didier Convard qui ont fait du Palladium le Faucon Maltais de l'entreprise…


Ce tome 4 de la saga "Roma" est consacré au personnage de Caligula, empereur fou objet de tous les fantasmes. Je l'attendais celui-là et je ne le l'ai pas aimé, non qu'il soit mauvais ou même véritablement déméritant mais…
- je ne suis pas fan des dessins de Christian Gine, c'est une pure affaire de goût (mais comme il a su agréablement me surprendre dans le tome final de la série "Les Boucliers de Mars", j'ai tendance à lui laisser le bénéfice du doute)
- je n'ai pas aimé la représentation du personnage de Caligula qui finalement n'est pas éloignée de la légende noire élaborée par les classes dirigeantes qu'il avait rudement secouées (qui n'ont pas eu trop à se forcer en projetant sur leur seigneur leurs propres déviances car les vices et les crimes qu'elles lui ont attribué étaient choses courant en leur sein)
On se retrouve donc avec un bisexuel travesti tantôt charmeur tantôt violeur, à la fois mégalomane et paranoïaque, atteint d'hallucination chroniques et d'épisodes psychotiques… (j'imagine bien que son médecin Furius Leo qui semble le fournir en LSD, PCP et crack pour amoindrir ses maux de tête n'a pas dû améliorer sa santé mentale ^^)
Une histoire d'inceste en remplace une autre, et après les scènes de sexes et de viols, on n'hésite par aborder la nécrophilie… J'ai bien compris que le master plan de Ker était de transférer sa propre noirceur en celle de l'empereur fou, mais il a avait autrement mieux à faire avec un autocrate schizophrène alternant extase sanguinaire et triste lucidité… C'était quand même vachement mieux fait dans "La Sinistre Reine de Versailles" de Go Nagai, avec Marie-Antoinette possédé par le Malin, et dans "Le Lion de Macédoine" de David Gemmell, avec Alexandre le Grand possédé par l'Esprit du Chaos !
Il y a toutefois deux moments magnifiquement tragiques dans ce tome :

- les tenants et aboutissant de ce tome sont un peu flous
Oui Ker veut châtier les descendants d'Enée, n'hésitant pas à cruellement frapper à travers les siècles ses geôliers des familles Leo et Aquila, mais elle veut aussi s'échapper, Caligula étant le moyen de s'échapper de sa statue d'orichalque mais aussi celui d'apporter à nouveau le chaos et la désolation… Mais elle insiste pourtant bien qu'elle a tout le temps du monde, projetant déjà de profiter du triomphe du christianisme pour échapper à sa propre malédiction… Tout ça pour ça ? Un tome pour rien ou un tome de transition ???

Il y avait tellement à creuser avec Laena prête à tout pour sauver Rome, Aquilina prête à tout pour sauver tant son père adoptif que son père biologique, sur Chaerea hanté par ce qu'il doit accomplir au nom de l'empereur, sur les conjuré divers et variés piégés entre la peur et l'honneur, sur les membres des familles Leo et Aquila incapables de protéger les leurs… le pire c'est que dans les appendices de Bertrand Langlois, très intéressants pas ailleurs, il semblerait qu'on le fasse bien sentir en s'attardant sur le destin du film de Tinto Brass, tragédie shakespearienne transformée en film « classé x » par une production pornocrate !
J'espère que les auteurs seront mieux inspirés pour le tome 5 consacré à Constantin, le premier empereur chrétien certes, mais aussi un terrible meurtrier des siens (avant de passer au Cycle II, puisque la saga est prévue en 13 tomes !)
Commenter  J’apprécie          322



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}