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Critique de frandj


Romain Gary apparaît très souvent en filigrane dans toute son oeuvre littéraire, mais il est a priori difficile de connaitre la part autobiographique de ses écrits. Dans cet ouvrage, Dominique Bona, académicienne qui s'est spécialisée dans les biographies, étudie en détails la vie et la production de Gary (1914-1980), un romancier devenu quasiment mythique.

Juif d'origine russe émigré à Nice, naturalisé français et prenant le patronyme de Gary, il force sa nature très peu portée au devoir et à la fraternité, en participant à la guerre du côté des Forces Françaises Libres; il restera toute sa vie un gaulliste atypique, mais fidèle. Quoiqu'il soit ambitieux, sa carrière littéraire commence assez péniblement; mais la consécration viendra dès 1956, avec son (premier) prix Goncourt. Même s'il n'a pas le profil conventionnel, il exerce la profession de diplomate avec sérieux, en se faisant surtout connaitre à Los Angeles comme consul général de France. Mais il n'obtiendra jamais le titre d'ambassadeur et décidera de se consacrer entièrement à la littérature: sa production devient très importante. Pourtant il est de moins en moins bien apprécié par les critiques littéraires. Il finit par se livrer à une sorte d'escroquerie très complexe, en prenant le pseudonyme d'Emile Ajar et en lui faisant correspondre un "homme de paille" réel (son petit-cousin). Ce tour de passe-passe lui permet d'obtenir un second prix Goncourt; sa supercherie ne sera dévoilée qu'après sa mort. Cette affaire Ajar serait, à elle seule, le sujet d'un roman... encore à écrire.
Je connaissais l'homme lui-même comme un cabotin, égocentriste, infatué de sa personne, toujours dans les oppositions et les paradoxes, obsédé par les femmes. Mais je méconnaissais le côté très sombre du personnage: angoissé, instable, hypocondriaque et pour tout dire névrosé… ce qui le conduira au suicide. La biographe a su dépeindre l'écrivain, sans agressivité et sans complaisance, dans toute sa complexité. Après cette lecture, je n'éprouve pas beaucoup plus de sympathie personnelle pour Gary; mais je le comprends mieux. - J'ajouterai que D. Bona a réservé une place significative à la présentation des livres de Gary, ce qui me (re)motive pour découvrir des romans encore non lus.
Un jour, Gary a eu ce mot: « Il y a deux sincérités: la sincérité dans la relation quotidienne avec les autres, qui ne tolère aucune astuce; et puis la sincérité de l'écrivain, qui a droit à tous les trucs ». Dans cette déclaration, il a dit un grande partie de sa vérité.

P. S. Dominique Bona excelle dans son œuvre de biographe. A ce propos, je recommande très chaudement le livre qu'elle a consacré à une autre figure de la littérature, très attachante et finalement tragique: Stefan Zweig.
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