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Critique de LoupAlunettes


Le savais-tu Tsell ?
Du temps de Bo, les ombres se laissent apprivoiser.
A la faveur du théâtre de formes forgées représentant la ville et ses habitants, les ombres se laissaient repousser sur les murs par la chaleur des bougies et jouaient leurs histoires d'ombres conter par Bo, elles redonnaient le sourire à Hama qui avait tant perdu.
Le cabaret du « Castor Blagueur », havre de joie, de chansons et de rires autour de verres joyeux, précieux exutoire de spectacles burlesques, refuge des journées durement gagnées par les ouvriers et tenue par la petite bonne femme à l'incroyable gouaille surnommée « la Tsarine », avaient été soufflé avec le reste, avec l'usine. Les cendres dormaient au sol, la vie et les espoirs de la ville s'étaient dispersés aux quatre vents. Il fallait partir ou tout recommencer.
Tsell, treize ans, ne connaissait pas cette histoire.
Celle qui vit naître l'idylle de ses parents, Bo et Hama, les jeunes amoureux fous. Rien n'aurait su à l'époque détourner le courant de ce fleuve tranquille, même les doigts pointés vers Bo, accusé du mauvais oeil devant tant de fatalité, tant de drames.
Le savais-tu Tsell ?
Leur amour résista aux tempêtes et aridités du temps, des hommes, à l'exil. Ceux et celles qui avaient ignorés les origines bohèmes de ce fils de parents un peu sorciers se laissèrent porter par la colère et l'amertume, oubliant les heures passées à travailler de concert durement.
Plaçant dans leurs quelques bagages leur avenir et leur confiance réciproque, les amoureux trouvèrent une nouvelle famille près d'un arbre et vécurent sous terre.
Le savais-tu Tsell ?
Lorsque la fine armure qui la recouvrait se déchira à sa grande surprise lors de sa première escapade amoureuse, un voile invisible presque aussi fin qu'une seconde peau, les ombres qui s'étaient lovées en elle reprirent leur liberté, racontèrent d'une énergie sauvage longtemps tue le loup, l'aigle et puma.
Le savais-tu petite Tsell que les ombres sont ton histoire ?

: « Tant que nous sommes vivants » est un roman tout aussi touchant et vibrant que « Le temps des miracles ». Si ce dernier mettait en valeur les relations complexes et fortes d'une mère et son fils, le premier raconte l'histoire de Bo et Hama, les parents de Tsell. Il y a des éléments communs, l'histoire et l'héritage inconnu du jeune héros, un parcours initiatique en recherche de soi et de ce passé pour se construire et un fond rural ouvrier qui semble cher à l'auteure.
Si le jeune homme du « Temps des miracles » accueille son passé et une vérité cachée par la volonté de cette mère adoptive qui s'avère être sa mère naturelle, ce roman est coupée presque en deux, avec la belle histoire des parents de Bo et Hama et l'après, la vie avec le bébé et un amour qui s'est étiolé pour des raisons propres aux décisions d'adultes. Faut-il s'oublier au profit du couple, de la famille ?
En tout cas, la pauvre Tsell se retrouve à composer avec l'absence soudaine de ces parents qui se tournent le dos et la laisse là, trouver sa propre voie.
Avec courage, conservant une foi en un avenir qui n'en est qu'aux premières pages de sa propre histoire, grâce à l'éducation reçue qui lui permettra de se débrouiller et grâce à l'amour qu'ils ont logés dans son coeur, à cet ébauche d'amour qui commence avec le jeune Vigg, Tsell prend également le chemin de l'aventure qui peut l'attendre et reprend le chemin emprunté par ses parents en sens inverse. Elle découvre donc ce pan d'histoire qu'on lui tut par amertume et regrets, ces parents se sont aimés, ils ont été heureux ici et là, le bonheur s'ouvre pour la jeune adolescente qui fait connaissance avec sa famille de substitution, avec la ville où tout à commencé.
Les jeux d'ombre mêlent à cette chronique familiale une atmosphère mystique, magique, étrange.
Son origine n'est pas vraiment expliquée, il y a des choses qui sont et c'est ainsi.
L'auteure profite de ce contexte pour parler entre autres de superstition, de xénophobie guidées par la rancoeur, les frustrations et les colères. Il faut un coupable.
La magie est tout cas représentée comme une chose mystérieuse par les ombres de Tsell, peu rassurantes selon la perception que l'on en a, les prédictions sont acceptées par Hama et Tsell plutôt que de les craindre. le théâtre des ombres de Bo offre un spectacle enchanteur et rend hommage au conte et à l'imaginaire. La petite famille des petits hommes habitant dans les forêts ne sont pas sans rappeler les sept nains de Blanche-Neige, les personnages sont attachants.
L'une d'eux apportera une réponse réconfortante à cette question incessante qui trouble Hama, qui a la dur sensation que la vie est faite que de durs moments à surmonter, « Il faut laisser une part de soi-même pour allez de l'avant ».
Heureusement, il n'en est rien même si elle perd ces mains, la vie a son lot de moments bénis, l'arrivée de Tsell en tête, lui permettra de rebondir.
Toutefois, Bo qui se meurt dans ce couple qui part à la dérive démontre qu'il y a les enfants et soi.
Oui, il faut vivre sa vie aussi, tant que nous sommes vivants.
Encore un beau roman à ne pas manquer !
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