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Critique de Nastasia-B


Voici un très, très bel hommage à Morris de la part de Matthieu Bonhomme. En effet, il est allé déterrer le Lucky Luke des origines, celui d'avant Goscinny, le Lucky Luke qui se bagarre, qui est un vrai dur et qui sacre à l'occasion ; le Lucky Luke nerveux qui fronce les sourcils et qui n'a pas un éternel sourire aux lèvres.

Très bel hommage également car Morris, en son nom propre et non dans la façon que René Goscinny a eu de faire évoluer le personnage et la série, avait pour ambition de parodier le cinéma du genre, de détourner ses codes mais pas de faire de la BD d'humour.

Matthieu Bonhomme est donc particulièrement fidèle à Morris, l'homme dans ses convictions, plus qu'à son trait. Il ne cherche pas à copier ni à imiter le dessin de Morris comme peut le faire Achdé. En revanche, le scénario est très soigné, plus basé sur une enquête, sur une ambiance, une atmosphère que sur de l'humour.

Il n'y a pour ainsi dire pas d'humour dans cet album tout comme il n'y en avait pour ainsi dire pas dans un album comme Sous le Ciel de L'Ouest, par exemple, notamment la première histoire. En revanche, les clins d'oeil au cinéma du genre sont nombreux, les éclairages et même une scène de pluie où Lucky Luke, l'homme sans âge enfile un poncho, comme l'homme sans nom incarné par Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone.

Le titre est lui aussi, bien évidemment, un clin d'oeil à L'Homme Qui Tua Liberty Valence de John Ford même si le scénario rappelle davantage celui de L'Homme Aux Colts D'Or d'Edward Dmytryk. (Pavlik m'a indiqué également qu'il y a une référence à Impitoyable d'Eastwood auprès de laquelle j'étais passée sans l'apercevoir. Merci Julien.) L'auteur s'est même permis un autre clin d'oeil amusé au cinéma, avec James Bond, sans tomber dans l'épaisse caricature et le trop plein de références. Enfin, je vous laisse lire les noms et les inscriptions marquées sur les croix du cimetière à la fin de l'ouvrage.

Je suis vraiment bluffée par la qualité tant de la BD que de l'hommage au créateur de Lucky Luke. Il se permet même d'expliquer pourquoi il s'est arrêté de fumer. Les mises en couleurs sont magnifiques et dignes du Morris des grands jours.

Le synopsis est le suivant : alors qu'il arrive à Froggy Town — littéralement ville des grenouilles — la bien nommée qui se fait arroser constamment, Lucky Luke a affaire à un drôle d'illuminé qui veut le défier, or, ce drôle d'illuminé n'est autre que James Bone, le shérif de la ville. Cependant, son frère Anton vient le raisonner. Ce dernier semble avoir beaucoup d'ascendant sur le shérif…

Lucky Luke apprend également auprès de Doc Wednesday, un ancien fin tireur désormais ravagé par le tabac et l'alcool, que la diligence transportant tout l'or des mineurs s'est faite attaquer par un mystérieux indien. Les frères Bone ont mené l'enquête mais celle-ci les a mené hors de leur juridiction et elle est désormais au point mort.

Lucky Luke est donc chargé par un comité de citoyen de bien vouloir retrouver l'indien qui a tué le convoyeur ainsi que l'or volé. On lui explique alors que le convoyeur était accompagné d'un certain Steve Bone, le troisième des frères Bone. Ce dernier accepte d'emmener Lucky Luke et Doc Wednesday sur les lieux de l'attaque.

Notre héros ne tarde pas à découvrir le clou d'un fer un cheval et des traces qui le mènent chez un vieux pionnier acariâtre et violent. Tout cela lui paraît bien étrange et c'est ce qu'il confie à Jolly Jumper qui, lui aussi est redevenu muet, comme aux origines.

Je vous laisse découvrir cette très belle bande dessinée qui s'adresse plutôt à des ados ou des adultes qu'à des enfants et qui est esthétiquement très réussie, dont le scénario est excellent, et dont la fidélité à l'esprit du premier créateur de Lucky Luke est irréprochable. Je suis certaine que Morris lui-même aurait adoré cette BD. du moins, c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose. Chapeau Matthieu Bonhomme.

P. S. : Après revisionnage du film Impitoyable de Clint Eastwood sur les bons conseils de Pavlik, il semble que cet album doive finalement beaucoup à ce film : pluie torrentielle, dépôt des armes à l'entrée de la ville, Doc Wednesday de l'album qui ressemble au English Bob du film (joué par Richard Harris) et surnommé " Doc " au lieu de " Duke " par Gene Hackman, fidélité de la parole donnée par Lucky Luke au Doc qui rappelle celle d'Eastwood, etc., etc. Pas de doute, on est bien dans l'esprit de Morris de vouloir détourner des images du cinéma dans ses BD.
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