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Critique de EvlyneLeraut


Pétillant, voici un charmant roman qui fait la chasse à la morosité. Le lire en confinement prend un sens certain. Alain Bonnand délivre des échanges via la toile entre Arthur (parti au Yémen) creuser des trous (si si). Travaillant pour une grande société, il se déplace aux quatre coins du monde. Néanmoins, dans le centre de ce récit, il est au Yémen et Laurence sa correspondante de coeur est en France. Nous sommes en 2006 dans l'ère naissante des réseaux tel que Meetic. Laurence et Arthur vivent une aventure étant tous les deux en famille. Ils vont résister à la distance en mettant en place une relation virtuelle, osée, piquante et malicieuse. Mais attention ! il faut bien lire les en-têtes des échanges. Il y a un jeu des plus pertinents et l'auteur s'amuse. Parfois il s'agit de Arthur Cauquin et Laurence, ou bien seulement Arthur et Laurence. Et là, la forme change. Nous sommes face à des protagonistes paraboliquement masqués dans un carnaval des grands coeurs. La puissance visuelle est telle que Laurence dont son auteur fétiche est Queneau, ici, reste altière. Nous ne sommes pas sur une patinoire et Laurence est plus subtile, plus nuancée, résistante. Elle est la somme de tous et de toutes. Elle est cette vulgarisation exacerbée d'un nouveau mécanisme de communication. Alain Bonnand fait de la dérision, emblème de tours de manège. Chaque invité sur la toile rejoint le centre d'un relationnel qui cherche une soupape de sécurité, une preuve de se savoir véritablement écouté et le virtuel devient une preuve. Aléatoire, certes, mais concrète pour tenir la cadence d'une séparation. Les hommes sont là. Ils sont l'éphémère, les anti-héros, le glacé d'une contemporanéité superficielle. Alain Bonnand délivre une histoire qui affirme l'existence d'une communication dont on peut déjouer les codes. Marionnettes virtuelles qui ne restent en surface que le temps de cliquer. Trois petits tours et puis s'en vont… Néanmoins, ce récit à lire en plein été ou dans le sombre d'une chambre est le papier calque d'une réalité dont ne peut prétendre qu'elle n'existe pas. Dans cette aube du XXIème siècle, le virtuel est si présent que « Arthur Cauquin au Yémen » dans une deuxième lecture est aussi sociologique. Il sonne comme un avertissement. Certaines personnes briseront la solitude en cliquant sur le clavier de l'ordinateur. S'imagineront vivantes, profondément vivantes. Alain Bonnand dresse un tableau virtuel d'une société dont les tabous tombent comme un château de cartes. Arthur et Laurence se retrouveront t'ils en vérité ? Agréable, frais à l'instar d'un bain dans les plus vives cascades sensuelles, « Arthur Cauquin au Yémen » est une vue sur le monde. Une mise en réalité virtuelle, originale. Publié par les majeures Editions Serge Safran éditeur.
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