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Critique de Pris


Pris
17 décembre 2022
"Je vous trouve un charme fou,
Ce petit je ne sais-quoi moi
Qui va me rendre flou..."
Pourquoi cette chanson de Hoshi? elle m'a suivie pendant toute cette lecture: c'est l'effet qu'Alexandre Despallières a eu sur beaucoup de monde, en particulier sur Olivier Mezner.
J'ai entendu parler de cette affaire une première fois avec le documentaire que Karl Zéro avait réalisé sur le bel Alexandre diffusé l'an dernier ou en début d'année. La sortie du livre a réactivé ma mémoire avec la diffusion d'une émission sur France Inter.
Cette histoire est incroyable: la Merteuil de Choderlos de Laclos ou la Cathy de Steinbeck (A l'est d'Eden) peuvent aller se rhabiller. La femme fatale était un homme.
Dans ce livre, Sophie Bonnet tente de mener en parallèle l'enquête sur Despallières et celle sur Oliver Mezner. Deux hommes difficiles à cerner: si Alexandre Despallières communique beaucoup, voire trop, avec elle, ce n'est que pour lui sortir les mêmes discours, qui tournent en rond et qui ne répondent pas à ses questions. Elle va donc devoir élargir son champ d'investigation et va trouver beaucoup d'amertume et de bouches closes: par peur, par honte, les anciennes victimes d'Alexandre se taisent. Mezner étant mort, elle se rend rapidement compte de l'impossibilité de questionner ses collègues: il n'y a pas pire témoins que des avocats qui ne veulent pas parler. Elle interrompt son enquête quelques années... pour se consacrer au terroriste Carlos. Celui-ci la dégoûte moins qu'Alexandre.
En 2018, elle reprend son enquête. Alexandre est à l'hôpital, dans le coma. Il ne se réveillera plus avant son décès en 2022. Les langues se délient; ses victimes comprennent que la justice ne fera plus son travail désormais. Sophie Bonnet lève le voile sur ce présumé serial killer qu'elle soupçonne d'être l'auteur de 5 assassinats : ses parents, ses grands-mères et son mari; sans compter les amants qu'il a volontairement contaminés et ceux qu'il a empoisonnés et qui ont survécu, complètement détruits. La réalité dépasse-t-elle la fiction? Oui, dans la mesure où Alexandre Despallières est un personnage fascinant: séropositif à 17 ans dans les années 1980, il fait de sa séropositivité une force - et hélas une arme- à cette époque où le SIDA était une maladie honteuse et mortelle; oui, dans la mesure où ce présumé serial killer / parricide/ matricide / grand-matricide est finalement décédé innocent, faute de procès. Mais un bon romancier n'aurait peut-être pas créé un tel personnage pour en faire un minable car, en fin de compte, c'est bien ce qu'il semblait être.
Le livre parle aussi de Mezner, mais le déséquilibre du livre reflète les personnalités de ses protagonistes: Alexandre Despallières capte toute la lumière, comme pendant sa vie, c'est un personnage solaire alors que le portrait d'Olivier Mezner, très touchant malgré le personnage d'homme puissant et influent qu'il est alors, semble encore incomplet, tant il était doué pour cloisonner les différentes parties de sa vie...
Un livre intéressant donc, qui lève des voiles sur une époque très récente (l'affaire Clearstream par exemple).
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