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Critique de Ahoi242


Des années en arrière, j'avais lu quelques livres de Thomas Bernhard. Puis, pour une raison qui m'échappe, j'avais quelque peu abandonné la lecture de cet auteur. À la lecture de Article 355 du code pénal, l'écriture de Tanguy Viel m'a rappelé celle de Thomas Bernhard - Pierre de Bonneville rappelle ce que Bernhard doit à un couple de "mécènes" qui lui auront permis « d'entrevoir par exemple la grammaire sérielle avec son « séquençage » qui sera caractéristique du futur style d'écriture de Thomas Bernhard jusqu'à la langue mécanique dont parle Hans Höller » - tout en me remettant en mémoire l'oeuvre de l'écrivain autrichien. Peu de temps après la lecture, je suis tombé dans ma librairie habituelle sur ce livre consacré à Thomas Bernhard et mon oeil a été tout naturellement attiré.

Pierre de Bonneville, spécialiste de Céline, est l'auteur d'un Céline et les femmes. Cet essai consacré à Thomas Bernhard est quant à lui sous-titré une vie sans femmes. Certes, la vie de Thomas Bernhard ne s'apparente pas à la vie sur le mont Athos : il y a eut des femmes dans sa vie - sa mère qui le maltraitait ou Hedwig Stawianiczek, son élan vital, bien plus âgée que Bernhard et qui l'aidera - mais les femmes sont négligeables dans son oeuvre.

Dans des chapitres courts et alertes - jamais plus de trois pages - et dont les titres sont des citations de livre de Thomas Bernhard, Pierre de Bonneville raconte l'enfance de Berhard, sa relation avec son beau-père, son demi-frère, la maladie, l'absence de sexualité, sa haine de l'Autriche, l'importance du théâtre, la littérature … en s'appuyant sur les oeuvres de Thomas Bernhard. Dans tous ces livres, qu'il fasse partie des livres ouvertement bibliographiques ou pas, Thomas Bernhard parle systématiquement de lui ou plutôt comme l'écrit Pierre de Bonneville « Utilisant un narrateur qui raconte ou lit les écrits d'un autre narrateur, manipulant les phrases des autres, pouvant les construire ou les reconstruire, Thomas Bernhard dispose d'une distance narrative, d'un détachement par rapport aux autres à qui il emprunte la parole. Ce n'est pas lui qui dit, il le fait dire. » Aussi parler de la vie de Bernhard revient à parler de ses livres et inversement.

Globalement, j'ai beaucoup apprécié la lecture de cet essai, même si la haine de l'Autriche de Thomas Bernhard est moins présente que d'autres thèmes - Pierre de Bonneville revient sur Heldenplatz, la Place des héros, une pièce qui fit scandale en 1987 et dans laquelle Bernhard fait dire à deux de ses personnages « Il y a aujourd'hui plus de Nazis à Vienne qu'en trente huit » et « En Autriche tu dois être ou catholique ou national-socialiste ». Du coup, je vais me replonger dans la lecture de l'oeuvre de Thomas Bernhard.
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