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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel livre étrange, beau et intrigant ! J'ai commencé sa lecture hier soir et l'ai lu d'une traite, d'un côté parce qu'il n'est pas très volumineux, de l'autre – et surtout – parce que je me suis retrouvé complètement happé par le texte, entre conte onirique, découverte de soi, enquête criminelle et récit sensuel. En revanche, je sens que vais avoir beaucoup de mal à résumer l'intrigue sans trop dévoiler… Mais essayons.

Années 80, été. le narrateur, qui raconte l'histoire à la première personne et n'est jamais nommé, se retrouve dans une petite cabane isolée quelque part en Bretagne, près d'une forêt et entourée de landes. Jeune étudiant en histoire, il est censé travailler sur un projet quelque peu flou avec son cousin Jean, qui est historien. Pour conjurer le trouble provoqué par la contigüité des lieux et donc de la proximité permanente de ce bel homme séduisant, le narrateur fixe ses pensées, ses émotions, ses aventures, ses rêves dans un journal intime. En effet, il se sent tout de suite attiré par Jean, qui semble ne pas remarquer dans quelles affres de désir il plonge son jeune parent et se comporte de façon très désinvolte (on lui devine un petit côté naturiste, voire exhibitionniste). Les deux passent leurs journées entre travail intellectuel acharné, promenades, discussions et jeux de cartes. Souvent, le narrateur s'éclipse dans la forêt toute proche pour faire retomber la tension interne par une séance de masturbation.

Lors d'une virée dans la ville la plus proche, il rencontre un jeune et séduisant serveur, qu'il semble ne pas laisser indifférent. Les deux se retrouveront par ailleurs à plusieurs reprises dans cette forêt devenue si chère au narrateur. D'autres rencontres érotiques – avec un jeune homme faisant son service militaire auprès de la gendarmerie locale, avec un prêtre sans scrupule – parsèment ce séjour. Mais surtout, le narrateur vit de plus en plus d'épisodes où il semble entrer dans une espèce de monde parallèle, un univers onirique peuplé d'incarnations de son désiré Jean. Déjà que le cousin prend une place importante dans les rêves que le narrateur relate au fil des pages, la question se pose (alors que lui ne se la pose pas trop) : rêves éveillés, signes d'un trouble psychiatrique (disons les choses comme elles sont), manifestations d'un monde fantasmatique dont on ne soupçonne pas l'existence ? (Je le dis tout de suite : pendant que je lisais, je me demandais de plus en plus souvent si une réponse quelconque y serait donnée dans le livre…) À cette trame principale s'ajoute aussi une petite intrigue criminelle : un chef scout disparaît et est retrouvé assassiné au bout d'une semaine dans un lac tout proche.

Apparemment, ceci est le premier livre de fiction écrit par l'auteur. Très étonnant tellement l'intrigue est bien construite, les chapitres bien découpés, les scènes semblant couler d'elles-mêmes. Aucun signe de ce balbutiement, de cette petite maladresse, de ce tâtonnement que l'on trouve souvent dans un premier livre. L'auteur, c'est évident, sait écrire, il prend plaisir, et du coup, le lecteur prend plaisir aussi. L'écriture est soignée et très belle, le vocabulaire riche, même les scènes « charnelles » se trouvent dépourvues de toute vulgarité. Les descriptions de l'environnement – la Bretagne profonde, loin des plages et ports les plus touristiques – m'a vraiment saisi. Techniquement aussi, le mélange de rêves relatés en tant que tels et de scènes de la vie quotidienne du narrateur dans cet isolement breton s'avère fort efficace. Toute l'intrigue n'est vue que par le prisme de ce personnage principal, qui peut paraître parfois froid, passif, sans trop de curiosité sur ce qui se cache derrière ce qu'il voit et vit. Mais ça contribue au côté féerique de l'histoire. Comme le narrateur ne porte pas de nom, on se demande même à un moment si lui est tout à fait réel.

Bon, d'accord, je n'ai pas vraiment aimé la fin. Mais les auteurs ne sont pas obligés de me faire plaisir avec une fin attendue et facile, et celle-ci a le mérite d'être surprenante. Enfin, «« surprenante« »… j'avoue que je pressentais où la force, le flux, l'inéluctable dynamisme du récit allaient m'emporter contre mon gré (inutile de se rebeller – dans un livre, la fin est vraiment déjà écrite, pas comme dans la vraie vie). Donc pas si surprenante que ça, la fin, mais elle n'est pas celle à laquelle on penserait au cours de la lecture. Au risque de me répéter, livre étrange, en effet. Mais l'écriture fluide est tellement belle qu'à un moment, je ne me suis plus posé de questions ; je me suis juste laissé entraîner – avec grand plaisir – sans chercher à démêler le vrai du faux. C'est un livre sur la force du désir et de l'imagination… J'espère que l'auteur n'en restera pas là et nous régalera bientôt d'un nouvel ouvrage – s'il devait s'avérer de la même trempe, je serai preneur.
Lien : http://livresgay.fr/lamant-f..
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« Écrits du soir, tard » L'incipit donne la gamme d'un récit épistolaire mais pas que. On entend les vagues se heurter contre les rochers. Kerbihan se dévoile dans l'orée d'une histoire très belle, intime et troublante. Jean est brillant. Ethnologue, chercheur, il se trouve avec le narrateur plus jeune, dans un antre isolé, de faible espace, en promiscuité, éloigné d'un conventionnel placé au plus juste du raisonnable. C'est ici la beauté de ce récit. Ils vont travailler ensemble, rassembler les recherches de Jean. Fusionner dans ce temps hautement intellectuel, discuter apprendre de l'autre. Jean est calme, aérien, posé. le narrateur glisse dans ses désirs les plus profonds, inavouables. Il écrit en rythme pavlovien les jours qui passent, ses ressentis, lames de fond, bruit du vent, ce qui s'élève dans ces jours où l'attirance pour son lointain cousin le rend fébrile, maladroit et frustré. Jean lui explique que les Esquimaux savent l'existence d'amants fantasmatiques. Jusque-là tout va bien. Sauf que ces derniers répondent aux champs des paraboles, aux fantasmes, aux désirs qui peuvent par les images seules s'avérer plausibles. Dans cet habitacle autorisé le narrateur va jouer sa carte salvatrice. Chercher l'issue et s'autoriser aux extrêmes pulsions. On ressent à contrario une douceur de ton, mais une lourde ambiance oppressante pour le narrateur, empreinte de psychologie, de sexualité éclatée, verre qui va se briser au sol en mille morceaux. Jean est mystérieux, pragmatique, beau comme un dieu, gracile et attirant. le narrateur l'admire, et pourtant chacun de ses gestes est fantasmé, il n'ose pas. Si les Esquimaux savent et comprennent l'enjeu fantasmatique pourquoi pas notre narrateur ? Ce dernier plonge dans ses torpeurs, le journal devient un exutoire. Il cherche dans le labyrinthe de ses attirances, la somme du fantasme. Il va faire un pas de côté entre l'Arctique démystifié et le Finistère. Rencontrer des hommes jusqu'à plus soif dans un Kerbihan étrange, entre ombres et chimères. A l'instar d'un assouvissement sexuel, avide et passionnel. le mystique, le criant affirment le fantasme réalisé. Tout change soudain dans ce récit entrecroisé, bleu-nuit puissamment viril. Chevelures masculines s'agrippant à la Lande austère, observatrice et de délivrance vêtue. On ressent l'écriture de Guy Bordin comme un souffle dans un enjeu d'une narration qui bouscule tout diktat, toute retenue mentale. L'histoire est mousse, gestuelle, vivifiante, malgré ce crissant des frustrations pour le narrateur. On est dans ce sombre qui interpelle, on boit un café noir très serré. On pressent ce quelque chose qui va remonter à la surface après la bataille du filigrane sur le journal du narrateur. La trame est digne, capable et masculine. On aime plus que tout cette maturité, symbiose d'un livre superbement volontaire. Les garçons prennent vie dans les lignes. La puissance des désirs, les idéologies qui se torturent parce qu'elles n'osent pas. C'est aussi cela la formidable teneur de ce récit, la liberté d'être soi-même. Renouer avec ses fantasmes et croire en cette capacité sexuelle et assouvie. Les Esquimaux sont les guides ici. Dans cet épistolaire qui devient comme une Lande sauvage et rebelle. Une farandole d'hommes encerclés entre rêves et insoumissions. La folie serait de ne pas bouger, de feindre. Où le narrateur va-t-il emmener le lecteur ? « L'amant fantasmatique Journal de Kerbihan » est dans cette littérature affirmée, capable et résistante. La rencontre est surprenante et osée. Elle bouscule tout et frappe de plein fouet tel le vent les persiennes des impossibilités. On pénètre le coeur de l'homme, chacune des perles de sueur, chacun des fantasmes dans cette magnificence d'un lâcher-prise hors pair. le risque prend la fuite dans cette Lande sauvage, aux abois. le narrateur pénètre subrepticement, irrévocablement son propre huis-clos. Ne rien dire de plus ! « L'Amant fantasmatique » est dans cet entre monde mené d'une main de maître. Captivante, superbement masculine cette histoire encercle les fantasmes à l'instar des aurores boréales. « Quantum Scandola » Publié par les Éditions Maïa.
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La présentation du livre m'a interpellé, je voulais savoir ce qu'était un amant fantasmatique. Je ne suis pas déçu du voyage. La forme du journal peut déstabiliser, personnellement je ne suis pas fan. Mais il faut dire que c'est bien amené, donnant rythme et clarté au récit. Je me suis donc laissé emporter par cette aventure très étrange. Entre rêves, réalité et fantastique, la complexité des événements est rendue particulièrement limpide par l'auteur. Je ne peux pas trop en dire pour que chaque lecteur puisse découvrir ce qu'est un amant fantasmatique.
Les différents personnages sont dépeints très rapidement, mais avec assez d'éléments pour laisser toute latitude à l'imagination du lecteur. Beaucoup de scènes sont très chaudes, indispensables et parfaitement intégrées à l'histoire. Et ces scènes fonctionnent très bien, le cerveau que le lecteur a entre les jambes réagit plutôt efficacement à ces descriptions.
Un livre qui sort des sentiers battus pour une aventure aux frontières de la réalité. Mais un livre qui marque les esprits. Des amants fantasmatiques, nous sommes beaucoup à en avoir eu, sans doute pas avec une telle intensité. Les épisodes plus sombres pourraient sembler dommages, mais ils ont bien leur place dans le récit. Je suis juste un peu étonné par la fin, il y aurait sans doute encore pu y avoir des développements… ou alors c'est au lecteur de continuer à fantasmer.

Lien : https://www.contesdegays.com..
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Improbable et pourtant prenant....
L'Amant fantasmatique nous entraîne à la limite du réel et de l'irréel.
Guy Bordin nous emmène dans les fantasmes et la réalité l'onirique où plutôt fantasmatique du narrateur.
Mêlant le réel à l'irréel la colère, le désir, les peurs et les envies consciente où non.
Une histoire M/M à découvrir !
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