AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de camati


J'ai reçu "Police" de Hugo Boris en cadeau lors du dernier pique-nique organisé à Paris par Babelio. Il n'est pas encore sorti en librairie, alors ce geste m'a touchée, démontrant une confiance en nous, les lecteurs membres de Babelio. En retour, je vous livre ici ma critique.
Le "hasard"(??) a voulu que je reçoive ce livre-là en particulier. Or il se trouve que le sujet m'intéresse car je suis sensible au sort des migrants et réfugiés, ainsi qu' au traitement qui leur est réservé dans notre pays et dont je ne suis pas très fière. Mais j'avoue que je n'avais entendu jusqu'à présent que deux types de point de vue: celui de leurs défenseurs et celui de gens franchement hostiles (que j'avais alors rejeté en bloc car haineux).
Dans ce roman, l'auteur nous livre l'évolution du point de vue de trois policiers (joliment appelés "gardiens de la paix"). J'étais donc impatiente de le lire et de le confronter à ce qu'une de mes filles m'avait rapporté il ya quelques années déjà.
Elle était alors bénévole dans une association (réputée) de défense des droits des réfugiés. le "hasard" (encore lui???) a voulu qu'elle rencontre une jeune policière dont le travail consistait à mettre des réfugiés et migrants dans l'avion pour les renvoyer chez eux.
Ma fille a poussé cette jeune femme dans ses derniers retranchements, l'obligeant à regarder en face le rôle actif qu'elle jouait dans ses expulsions. Celle-ci a fini en larmes mais comme elles ne sont jamais revues, je n'ai jamais su quelles conséquences cette conversation avait pu avoir sur sa vie professionnelle et si ses certitudes avaient été ébranlées ou pas. J'espérais donc trouver une réponse possible dans ce livre.
Les personnages principaux sont deux hommes, Aristide et Erik, et une femme, Virginie, jeune maman, mariée à Thomas, mais enceinte d'Aristide, à la veille d'une IVG.
Aristide passe son temps à faire de l'humour, de l'humour-parapluie", dit Virginie, pour ne pas voir le vide de sa vie.
Erik, droit dans ses bottes, bien noté par sa hiérarchie, obéissant et en même temps protecteur de son équipe.
Finalement, sous l'uniforme, des gens ordinaires, comme vous et moi, avec une vie banale, pas toujours simple ni gaie, une fois sortis du commissariat.
Une mission inhabituelle (ce n'est pas leur rôle) leur est confiée: il s'agit de ce que l'on appelle une "reconduite à la frontière"; le quatrième personnage est un réfugié qu'ils doivent conduire à l'aéroport.
L'histoire se déroule essentiellement dans la voiture de police. Un huis clos, pesant, étouffant, douloureux. le migrant, ne parlant pas la langue française, restera silencieux tout du long,ne comprenant pas ce qu'il se passe, craignant pour sa vie. Dans son pays d'origine, il est menacé de mort. Alors le conduire à l'aéroport signifie le conduire à l'échafaud.
D'une entorse au règlement à l'autre,car Virginie en particulier veut en savoir plus, le questionnement va devenir douloureux, va bousculer les certitudes, et amener la brigade à douter puis à tenter de se positionner mais ...... je ne veux pas annoncer le dénouement; je laisse le lecteur parcourir le même cheminement que la brigade, le laisser se poser les mêmes questions, juger en son âme et conscience.
Je terminerai par le titre: le mot POLICE écrit à l'envers , tel qu'il peut apparaître dans un rétroviseur. Cela intrigue car le lecteur se demande ce que va réfléter ce miroir, ou bien si la réalité est bien le reflet de ses propres préjugés.
Un grand merci à l'auteur d'avoir abordé ce sujet difficile et malheureusement tellement d'actualité.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}