Alain Bosquet regrette Éluard et sa façon de «nous enlacer de ses voyelles qui respiraient le bouche à bouche», et les rouspétances de
Prévert qui nous faisaient «les pieds-de-nez de la rogne et de la grogne indispensable». Il regrette que la poésie ait «divorcé de tout le monde», que les poètes aient occulté leur verbe.
Alors il nous invite à prendre des vacances dans ses
poèmes, et c'est vrai qu'on s'y sent bien - pas de grandioses fulgurances, pas de plongée dans l'inconnu, mais une jolie balade poétique, agréable. (Quoique ce soit plus sombre, plus dur dans la dernière partie, «
Poèmes de la vie clandestine»)
On croise beaucoup de monde dans ce recueil publié en 1974 et intitulé «Le Mot peuple»: le poète et son irréel bien sûr, et puis des «camarade au visage de suie», «camarade en sueur», etc - tous ceux auxquels il s'adresse:
«J'ai souvent pris l'étoile
pour femme et l'océan pour compagnon;
j'aurais dû comme vous me révolter.»
Un recueil placé sous le signe de l'ouverture à l'autre, de la fraternité, du «devoir de communion», de ce «peuple au mille noms», et des poètes aussi:
«Rassemblez-vous, poètes!
Notre réel est en danger»