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Critique de Guillaume72


Jean Bottero nous livre un ouvrage brillant sur la plus ancienne religion connue de l'humanité au travers de ses lettres : la religion sumérienne. Il sait éclairer de son érudition et de ses connaissances cette ancienne civilisation mésopotamienne, tout en la rendant accessible au commun des mortels.

Bottero nous dresse tout d'abord un dessin vivant des transitions culturelles qu'a subi la région : les sumériens venus d'on ne sait où ont cohabité avec des peuples sémitiques tels que les akkadiens qui les ont peu à peu supplantés, tout en conservant leur héritage culturel. C'est ensuite la culture babylmonienne, puis les grecs qui sous l'emprise d'Alexandre, s'emparent de la région et baignent dans cette très vieille culture et s'en inspirent.

L'ouvrage nous décrit la théogonie et la cosmologie qu'avaient construits les sumériens. Il éclaire la place de l'homme au sein de l'univers et nous donne à voir les réponses construites dans cette culture aux questions existentielles que l'on se pose : quel destin après la mort ? Il ne nous décrit heureusement pas un catalogue exhaustif des dieux de cette région, mais s'arrête opportunément sur les plus importants d'entre eux et illustre la mythologie qui leur est associée et la dévotion de leurs fidèles au travers de quelques hymnes dédiés à ces divinités. Ces illustrations sont suffisamment nombreuses pour nous décrire la religiosité de l'époque, mais pas présentes au point d'écraser l'analyse. Bref, l'équilibre entre sources premières et commentaires est excellent et c'est là tout l'art de l'historien.

L'ouvrage nous permet ensuite de pénétrer dans le sentiment religieux et ses manifestations physiques tout d'abord au travers du services des Dieux et de la liturgie qui leur est dédiée, puis au travers de la religiosité qui s'exprime dans le vie quotidienne du peuple, notamment au travers des exorcismes dont les sumériens semblent avoir été très friants.

Bottero met admirablement en lien l'intellect qui a élaboré l'écriture cunéiforme avec celui qui a fait de cette notion de l'écrit un élément central de la religiosité au travers de la croyance que tout évènement, tout augure n'est que la forme de l'écriture divine. le rôle de l'officiant est alors de décrypter le message et de le rendre intelligible à ses contemporains. Cependant, nul fatalisme chez ce peuple qui au travers de ses formules d'exorcismes pensait pouvoir influer sur cet avenir et modifier le cours des évènements.

La partie sur l'héritage culturel laissé par les mésopotamiens est particulièrement intéressante. tout d'abord, force est de constater que la mythologie mésopotamienne et par là même sumérienne a fortement inspiré les livres sacrés de toutes les religions du Moyen et Proche Orient. L'épisode du déluge dans le Bible en est un exemple criant. Plus encore que cela, Bottero retrouve dans le stoicisme l'héritage des mésopotamiens légèrement transformé. Pour les mésopotamiens, les planètes étaient liées à une divinité sans pour autant être confondues avec elle. Les stoiciens pousseront plus loin ce raisonnement en attribuant aux différentes planètes une véritable personnification divine. Ne connait-on pas aujourd'hui une forme atténuée de cette religion au travers de l'astrologie et la croyance selon laquelle la position des planètes peut influencer nos vie ?

Cet ouvrage nous permet d'appréhender un monde lointain, perdu dans les brumes de l'histoire et nous rend accessible un système de croyances très construit d'un point de vue intellectuel, avec une pensée rationnelle et logique qui a donné naissance à différentes sciences qui ont pu irriguer tout le bassin méditerranéen et dont nous avons nous même hérité.
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