AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de de


Je me demande encore une fois de trop ce que je fous ici

En complément de ce « Récit en noir et blanc », David Ruffel présente « Ahmed Bouanani, cinéaste et écrivain ». Je retiens ce paragraphe : « L'hôpital – bien que réel – perd dans la fiction ses contours et ses limites pour prendre les dimensions de la société et de la vie, le récit devenant dès lors une fable universelle sur l'enfermement et la résistance, qui peut aussi être lue comme une métaphore du statut de l'artiste et des conditions de production de l'art au Maroc dans la deuxième moitié du XXe siècle ».

« Quand j'avais franchi le grand portail en fer de l'hôpital, je devais être vivant. du moins le croyais-je puisque je sentais sur ma peau les odeurs d'une ville que je ne reverrais plus jamais ». Un portail, une frontière entre la santé et la maladie, ou plutôt entre des mondes où la santé et la mort n'ont plus la même temporalité, « indifférence nécessaire à l'écoulement du temps et aux variations du calendrier ». le temps n'accroche pas aux mêmes branches, les événements n'ont plus les mêmes dimensions, les mêmes tensions, et pourtant…

Les nuits semblables et différentes, les morts et ceux en devenir. « C'est un drôle de cimetière, les pensionnaires vivent au dessus des tombes, parmi les ronces, les cactus, les insectes, les reptiles, des coquelicots et des narcisses, ils se déplacent avec un linceul bleu deux pièces, des pantoufles ou des babouches et une ribambelle d'insultes au bout de leurs lèvres gercées et de la bave aux commissures ». Les rêves et les cauchemars, l'hôpital et le corps. « Prisonnier de l'hôpital ou de mon corps, démuni de tout, même de ma mémoire où pourtant j'avais le pouvoir de pétrir mon argile à volonté dans le sang des astres et des légendes et dans la saveur à goût de mille printemps et de doux hivers des chants et comptines désormais enfouis dans les sillons secrets, je dormais et m'éveillais avec d'affreuses sensations d'inconsistance et d'angoisse ou de déchirement, ne disposant plus de fil logique, et mes chutes dans les frontières du jour et de la nuit répétaient cruellement l'image caricaturale, l'image manquée d'une victoire et d'une liberté ». Se lever, bouger et encore penser…

Un récit du coté de le Pet, le Corsaire, le Litron, Argane… « Raconte, vieux, que devient le monde du dehors… ». Une prose dense, illuminée comme l'écran où nous nous projetons comme entre des images

Une nécessaire réédition.
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}