AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de umezzu


Le nom de Hjalmar Schacht ne m'était pas totalement inconnu puisque cité parmi ceux qui ont entouré la prise de pouvoir par Hitler en 1933 et qu'il figure parmi les rares acquittés des procès de Nuremberg à la fin de la seconde guerre mondiale. Pour autant cette biographie permet de resituer le personnage, banquier, financier et économiste avant tout, et de comprendre comment il a pu mettre ses réseaux au service de l'accession au pouvoir de Hitler.
Schacht est un produit de la méritocratie, supérieur intellectuellement, qui a vite fait carrière dans la banque au début du vingtième siècle jusqu'à diriger son propre établissement. A la fin de la première guerre mondiale, alors que l'hyperinflation sévit en Allemagne, Schacht, en tant que commissaire du Reich à la monnaie, va mettre fin à cette spirale en coupant tous crédits aux spéculateurs et en interdisant le remboursement des monnaies parallèles mises en place par de grandes entreprises pour maintenir leur activité.
Président de la Reichbank, il va s'efforcer au cours de longues négociations de ne pas rembourser la dette de guerre imposée à l'Allemagne par le traité de Versailles. Son credo étant que « quand une dette devient excessive, que ce soit pour un pays ou pour une institution comme une banque ou une entreprise, alors elle constitue un problème, non seulement pour le débiteur, mais aussi pour les créanciers ».Ce qu'il met en pratique en ne remboursant que ce qu'il parvient à se faire prêter par l'étranger, en conservant ainsi ses devises pour relancer l'économie allemande.
Lorsque le parti nazi parvient aux portes du pouvoir au début des années trente, l'Allemagne est exsangue, la crise économique a détruit le système bancaire et le chômage est au maximum. Les nazis n'ont pas de programme économique viable. En quelques rencontres avec Hitler et Göring, Schacht va penser qu'il peut soutenir ce parti pour mieux en diriger l'action économique. Ce qu'il va faire une fois les nazis au pouvoir, en tant que ministre de l'économie et de président de la Reichbank. Il créée des titres compensables, destinés à promouvoir l'investissement, met en branle des grands travaux, dont les fameuses autoroutes, et commence à remettre en place une industrie de l'armement. Au fur et à mesure que le régime s'oriente vers une économie de guerre, Schacht est mis de côté quittant le ministère de l'économie en 1937, puis la Reichbank en 1939. Il reste ministre sans portefeuille.
Parfaitement au courant des intentions bellicistes du régime, acceptant les lois anti-sémites, ce compagnon de route du nazisme va passer entre les gouttes des procès de Nuremberg, en mettant en avant avoir organisé une bien faible tentative de renversement de Hitler par l'armée en 1938.
Après guerre son prestige d'économiste lui permettra de conseiller les états en développement.

Le personnage est bien plus intéressant qu'il n'y paraît. Sur le plan économique, ce libéral pro capital, a mené des politiques très interventionnistes et dirigistes. Ce n'était pas un théoricien, mais un réaliste, dont la politique est entièrement liée au contexte. Son aura dans les milieux d'affaire a bien aidé Hitler a remplir les caisses de son parti et lui a ouvert la porte de la Chancellerie. Il a été le complice pas si passif que cela de la politique nazie.

L'auteur a fait le choix, historiquement très discutable, de commencer chacun de ses chapitres par une présentation à la première personne, basée sur les écrits de Schacht (et à l'interprétation de l'auteur). le reste du texte est plus informatif. Sauf dans sa partie finale, où l'auteur se permet des comparaisons politiciennes entre les différentes interventions économiques de Schacht et la situation de la France d'aujourd'hui. En gros, Jean-François Bouchard est favorable à une relance par le dette. Ce que le lecteur attentif avait déjà compris en lisant sa présentation de l'action de Schacht. Mais la présence de ces commentaires personnels dans cette biographie, très agréable à lire autrement, est déplacée.

Merci à l'éditeur Max Milo et à Babelio d'avoir permis la lecture de cette biographie très contrastée.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}