AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pasoa


Critique d'art, traducteur et écrivain, André du Bouchet est un des auteurs les plus marquants de la poésie contemporaine.
Je suis allé à la rencontre de son oeuvre avec l'Ajour, recueil qui réunit plusieurs de ses textes, proses ou poèmes, écrits entre 1972 et 1995.

Pourquoi le nier, l'écriture d'André du Bouchet n'est pas simple d'accès. Dès les premières pages, elle surprend, déroute, car elle n'offre que peu de repères et de points d'ancrage au lecteur. Il est difficile de saisir toute sa complexité.
On sent cependant une constante dans son écriture, celle d'une expérimentation des potentialités du langage, celle d'un style où la part formelle est totalement inséparable de l'expérience sensible.


« cela
n'est pas peu aimer
comme
répondre

Jusqu'à la poussière qui ne fractionne
pas

déborde

aimée du soleil. »*


Tous les textes d'André du Bouchet semblent fragmentaires, lacunaires et dénués de tout rythme. Ici, la langue semble s'être égarée, ou du moins elle paraît se rapprocher au plus près de ce qui lui échappe.


«… entre les lignes, déjà… au plus haut immergé ( le
silence ) pour le porter au plus haut , dans ce que la tête
plus haut aura nommé oubli… la fraîcheur de
l'oubli… »**


Lire du Bouchet, c'est comme reconnaître, en lecteur déconcerté, que tous les mots, même s'ils proviennent de lui, peuvent être défaits par le silence. La poésie est un excès de langage qui chez André du Bouchet vient butter contre ses propres limites. La poésie est chez lui comme privée de sa capacité à percevoir, à rendre compte du réel, elle est comme dessaisie d'elle-même.

C'est pourtant en ce lieu de vide, d'ignorance du poème que nous pouvons nous remémorer et reprendre souffle, éprouver de nouveau notre langue et puiser tout un passé qu'il nous faut recomposer. Lire André du Bouchet, c'est retrouver la source de toute poésie.


« avoir

et pour
un mot uniquement


creusé
jusqu'à l'eau


fine. »***



(*) extrait de « le surcroît » - page 121
(**) extrait de « Poussière sculptée » - page 65
(***) extrait de « le surcroît » - page 112
Commenter  J’apprécie          200



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}