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Critique de fabienne2909


« Les mâchoires du passé »... Un tel titre, forcément accrocheur, peut donner accès au meilleur comme au pire. le début du challenge commence donc ici !
Et c'est avec surprise et plaisir que j'ai découvert un polar plutôt réussi. J'écris « surprise » parce que le début m'avait fait craindre le pire : je n'ai pas trop accroché avec les premières pages, qui, si elles plantent plutôt bien le décor au niveau de l'intrigue, dans une ambiance truands américains modernes, tombent à mon sens un peu trop facilement dans la caricature du truand au vocabulaire pauvre et violent (qui accompagnent leurs actes non moins violents), et ce, d'autant plus qu'elles tranchent avec les pages qui mettent en scène le personnage principal, Jean-Pascal Gontier, dit JP, qui sont plus abouties au niveau de l'écriture.
Le livre est donc composé de plusieurs points de vue, celui de l'enquêteur-narrateur, Jean-Pascal Gontier (dit JP), et ceux de différents autres personnages (le plus souvent les "méchants", je reviendrai sur ce point) mais décrits à la troisième personne.

« Les mâchoires du passé » raconte donc l'histoire de JP qui, en villégiature au Pays basque, accepte d'enquêter sur la disparition d'un certain Haritz (ou Henry), dont la femme n'a plus de nouvelles depuis un certain temps. Il mène son enquête dans une région française vivant sur elle-même, sur ses traditions, extrêmement méfiante vis-à-vis des non-Basques. Pas étonnant que dans ces conditions, et même s'il arrive à remonter les liens qu'entretenait Haritz (un homme assez peu recommandable ni sympathique) avec des délinquants en région parisienne, son enquête patine. JP décide donc d'abandonner cette « mélasse » (manière dont il surnomme cette enquête qui le gêne par certains aspects, même s'il ne peut définir lesquels), d'autant plus qu'une entreprise le contacte pour une enquête industrielle, mission qui relève de ses compétences habituelles (JP n'est en effet pas un privé enquêtant sur les affaires de moeurs). En parallèle, l'ouvrage décrit l'enquête musclée que mène Mickey Baudigan et ses sbires, les fameux truands américains évoqués plus haut, pour retrouver la trace d'un certain Freddy Dallas, qui a subtilisé plus d'un million de dollars à Livermore, le grand patron de Baudigan…

« Les mâchoires du passé » est dont un ouvrage habile, parce qu'il mène assez bien l'auteur en bateau, en le faisant longtemps s'interroger sur la direction de l'intrigue (se situe-t-elle en France, en Espagne, aux Etats-Unis ?), sur les personnages (sont-ils ce qu'ils paraissent être ?), sur les ressorts de l'intrigue (est-ce que les histoires parallèles ont un lien avec l'intrigue principale ?), au gré des interrogations et des découvertes du narrateur. Surtout, le roman instille une tension qui ne faiblit jamais (même si, à mon grand regret, l'intrigue n'est pas non plus haletante), et comporte quelques rebondissements vraiment malins.

En revanche, le livre souffre d'une écriture qui n'est pas régulière : les passages dédiés à l'intrigue des gangsters américains est plus faiblarde, notamment à cause de l'emploi de phrases exclamatives qui tendent un peu à la niaiserie (ce trait touche aussi les passages dédiés à JP, malheureusement). En outre, l'auteur ne parvient pas à se défaire d'un certain manichéisme (un peu naïf aussi) : les méchants sont très méchants, ce ne sont le plus souvent (pas tous, cependant) que des psychopathes qui ne rêvent que de viols, de torture et autres joyeusetés, et sont donc d'une violence un peu « too much », c'est-à-dire que quand ils tombent dans la violence, celle-ci est toujours outrée, il n'y a pas de demi-mesure (et guère de psychologie non plus, même si je reconnais que l'on ne peut en mettre partout). le gangstérisme peut se traduire autrement que par autant de violence !
De plus, certains personnages sont évoqués et pas assez développés, ils sont abandonnés en chemin, ce qui est dommage.

Toutefois, il s'agit ici d'un polar de très bonne facture, qui s'apprécie et dont l'une des originalités est de se passer au Pays basque (j'ai appris plein de choses sur cette région au passage). Ses 420 pages filent à toute allure !

Je remercie donc Babelio et les éditions In Octavo de me l'avoir fait découvrir grâce à l'action « Masse critique » !
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